Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

Educ handi

Le Niger est un des pays à avoir ratifié la CDPH depuis le 24 janvier 2008, ainsi que son protocole facultatif. Pour honorer ses engagements vis-à-vis du réseau International notre pays a mis en place un mécanisme permettant de coordonner et de suivre la mise en œuvre de cette convention à travers notamment la création d’un comité national et de 8 comités régionaux de suivi de la convention relative à aux droits des personnes handicapées.

« Au Niger 3,7 % seulement d’enfant handicapés vont à l’école. », selon le rapport du premier forum sur les états des lieux de l’éducation des enfants handicapés au Niger organisé le 8 novembre 2020 organisé par la Fédération nigérienne des personnes handicapées (FNPH).
« La plupart de ces enfants n’auront pas la chance d’être insérés dans le monde actif ».
Pourtant, le Niger a légiféré, en 2019 avec l’adoption d’une loi, en faveur de l’éducation inclusive. C’est « un pas important » qui a été franchi pour « une pleine et égale jouissance de tous les droits de l’Homme et des libertés individuelles. Dans le domaine de l’éducation, cette loi à son article 13 consacre désormais le droit des personnes handicapées à l’éducation inclusive sur la base de légalité dans le système éducatif national», poursuit la même source.
Au niveau des écoles des malentendants et des sourds de Zinder, le constat fait en début de cette rentrée scolaire 2023/2024 est loin de se conformer aux textes régissant l'éducation inclusive. En effet les élèves malentendants admis au niveau des centres de formation professionnelle n'ont pas tous des enseignants ou encadreurs spécialisés qui sont capables de les prendre en charge.

momument
"Ainsi au niveau du CFM 1er arrondissement, aucun enseignant n'est en mesure de comprendre la langue des signes, même pour appeler un sourd ou pour demander son nom, personne ne peut le faire. Et on a la décision prise d'orienter un élève sourd là-bas. On pouvait tout simplement le réorienter au niveau du CFM du 4e arrondissement où se trouve une enseignante spécialisée. Aussi au niveau du CET 4, tous les élèves sourds doivent être réorientés au niveau du CFM 4" s'indigne Lawan Ali encadreur des malentendants et sourds de Zinder. C'est pourquoi nous interpellons qui de droit pour revenir sur la décision concernant les écoles des malentendants et sourds.
Pour les autres établissements tels que CFPT, LP/ANA là comme, ces élèves sont devenus grands ils peuvent s'en sortir. Il faut qu'on prenne en compte ces propositions car si l'on ne prend garde, tous ces élèves vont abandonner. Déjà parmi certains élèves du 1er arrondissement, un élève que nous avons rencontré a déclaré qu'il va décrocher, on ne va pas s'intéresser à lui, a-t-il dit. C'est cette même situation qui a poussé les autres élèves à quitter définitivement les bancs, les années antérieures. La deuxième chose, nous ne savons pas qui s'occupe de la prise en charge des élèves en situation d'handicap tels les mal voyants, non entendants et mal entendants. Si on va nommer ce responsable, il faut songer à nommer celui qui s'y connait en la matière d'handicap et l'importance de la prise des élèves a-t-il ajouté.

Des structures d'appuis aux personnes vivant avec un handicap au secours des élèves handicapés de la Région....

La Fédération Régionale à travers sa composante prise en charge de l'éducation inclusive a pris les devants de cette situation.
"C'est seulement au niveau de l'enseignement primaire qu'on a des enseignants spécialisés en langues de signe, mais en ce que concerne l'enseignement professionnel, on a vraiment beaucoup de problèmes. On n'a pas d’enseignants qualifiés pour prendre en charge les enfants handicapés en général surtout si vous prenez l'enseignement professionnel, pratiquement il y'a beaucoup d'enfants handicapés qui voulaient aller au niveau de la formation professionnelle mais le problème il n'y a pas d’enseignants ou d’encadreurs spécialisés pour qu'on les prennent en charge" a soutenu Abdoulaye Allassane de la Fédération Régionale des Personnes Handicapées de Zinder.
« Nous avons parlé de cette situation au niveau de la Direction Régionale de l'Éducation et de la Formation Professionnelle de Zinder. Nous avons élaboré un plan et nous l'avons présenté aux responsables régionaux de l'éducation. Entre temps, il y' a eu changement du Directeur Régional de Zinder, on attend la prise de service du nouveau pour venir plaider et voir avec lui comment avoir une solution pour vraiment donner la chance aux élèves handicapés pour pouvoir jouir de leur autonomie dans le milieu scolaire », a-t-il renchéri.
« Cette situation a duré même si au niveau du CES Barma Moustapha, nous avons des enseignants qui prenaient les mal-voyants et les non-voyants. Ça a duré, c'est très avancé et surtout à l'École Normale. Les grandes difficultés, c'est au niveau de la couche sourds, des locomoteurs et des albinos qui peuvent aller dans les écoles professionnelles mais le problème des enseignants ou des encadreurs spécialisés pour les prendre en charge ça les décourage, ça les démotive. On a beaucoup qui ont abandonné, mais avec la politique qu'on est venue avec, on est en train de les récupérer. Pas plus la semaine dernière, nous recensé des élèves handicapés qui ont abandonné pour les réintégrer, leurs donner ce qu'on appelle la 3e chance.
Nous avons une dizaine d'élèves non et mal-voyants, là ils sont au nombre de onze(11) qui seront réintégré cette année. Côté mal entendants, eux ils ont un bon cursus scolaire mais c'est au niveau secondaire qu'ils ont des difficultés. Déjà nous avons un plan en attente que nous allons soumettre avec l'appui de la Direction Régionale de l'éducation et nos partenaires. N'oublions pas nous avons des partenaires qui nous appuient dans le cadre de la scolarisation et de la mise en place d' un système éducation inclusif, les autorités ont compris qu'on a un droit envers eux et ils sont en train de faire de leur mieux pour que nos droits soient pris en compte » a conclu Abdoulaye Allassane chargé de la prise en charge de l'éducation inclusive à la Fédération Régionale des Personnes Handicapées de Zinder.
Selon le Centre de Prise en Charge Holistique des Personnes suivant des VBG géré par SOS Femmes et enfants victimes de violences familiales de Zinder, ces personnes sont confrontées à des formes croisées de discriminations.
"C'est vrai ce sont des personnes porteuses d'handicaps qui doivent jouir de tous les droits inhérents à leur épanouissement mais aussi à leur bien-être dans la société. L'État et nous autres structures d'appuis aux politiques étatiques, nous avons le devoir de créer les conditions pour que ces personnes-là puissent jouir de ces différents droits. Aujourd'hui, à quoi nous assistons ? Ces personnes sont pratiquement laissées à elles-mêmes parce qu'elles suivent bon an mal an un cursus au niveau primaire avec tout ce que cela comporte comme obstacles jusqu'à ce qu'elles admettent à l'entrée en 6e ou au centre d'enseignement technique et professionnel mais malheureusement au niveau de ces centres-là, il manque cruellement des enseignants spécialisés parce que c'est des personnes qui ont besoin d'un appui spécial, qui ont besoin d'une compétence pour leur apprentissage, pour leur éducation surtout qu'on parle de l'éducation inclusive, je pense que ça ne doit être un vain mot, ça doit être une réalité et si ça doit être une réalité, il faut que l'État et nous autres partenaires trouvons des formateurs aptes à prendre en charge ses enfants-là en tenant compte de leur handicap, en tenant compte de tout ce qu'ils ont besoin, parce que ce sont des gens à ne pas marginaliser, ils ont des droits, j’ai bon espoir qu'ils peuvent participer à l'effort de construction nationale" explique Zakari Salissou gestionnaire des cas au Centre de Prise en Charge Holistique des Personnes suivant des VBG géré par SOS Femmes et enfants victimes de violences familiales de Zinder.

Des solutions sont à envisager pour une meilleure inclusion éducative des élèves mal entendants et sourds....

Les premières solutions c'est d'abord prendre en compte leur intérêt, c'est quoi leur besoin. Pour prendre en compte leur besoin, il faut d'abord la disponibilité du personnel d'encadrement compétent. « Je crois que l'État et nous autres structures d'appuis et de la société civile nous avons cette lourde responsabilité ; discutons ensemble, fédérons nos efforts pour que ces générations-là ne puissent pas être marginalisées et confrontées à d'autres formes de discrimination parce que c'est une autre forme de violation de leurs droits. Ils ont des besoins spéciaux, leur transports, leurs prises en charge et n'oublions pas qu'ils viennent pour la plupart des familles vulnérables. Il faut penser à leur octroyer des bourses qui vont leur permettre de poursuivre leurs études et qu'on puisse profiter de leur talent », confie Zakari Salissou gestionnaire des cas au Centre Holistique des Personnes vivant les VBG de SOS Femmes et Enfants victimes des Violences Familiales.

« D’autres actions ont également été réalisées dans ces sens dont entre autres : la formation des formateurs nationaux sur la CDPH en raison d’un groupe de 3 formateurs par région ; la traduction en langue Zarma, Haoussa et en braille en des milliers d’exemplaires comme support de vulgarisation ; la réalisation de nombreuses missions de vulgarisation de la CPDH en équipes pluridisciplinaires, notamment les agents de l’État, la société civile, les organisations des personnes handicapées, au niveau des 8 régions du pays ; la formation de plus de 2000 encadreurs pédagogiques et enseignants sur les droits des enfants ; la participation à des rencontres internationales portant sur la CDPH ; l’adoption par le Gouvernement d’une politique nationale de protection sociale en septembre 2011, cette politique s’articule atours de 5 axes dont l’axe numéro 4 qui est actions spécifiques aux groupes vulnérables dont les personnes handicapés ; l’inscription dans les documents du PDS des actions prioritaires en faveur des personnes handicapées ; la création d’une direction nationale de la promotion des personnes handicapées et de leur vison sociale ; la révision d’un certain nombre de textes nationaux de protection des personnes handicapées pour les conformer aux textes nationaux », a rappelé le chargé de l'éducation inclusive à la Fédération Régionale des Personnes Handicapées de Zinder Abdoulaye Allassane. Cependant il reconnait que malgré tous les efforts déployés par l’État et les partenaires techniques et financiers, beaucoup reste à faire en vue de renforcer d’avantage le mécanisme existant et de créer d’autres tant au niveau des départements que dans les communes, pour une meilleure inclusion éducative des enfants vivants avec des handicaps.

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