Le sujet sur le coup d’Etat militaire intervenu le 26 juillet 2023 ayant renversé le régime de la 7ème République au Niger a conquis les réseaux sociaux, médias locaux et internationaux. Les informations viennent un peu de partout. Mais, force est de constater que la plupart de celles-ci ne sont pas vérifiées. Les sanctions économiques, commerciales infligées contre l’Etat du Niger par la Communauté Economique Des Etats membres de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et celles de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), ainsi que cette éventuelle intervention militaire contre la junte militaire pour réinstaurer le président déchu Mohamed Bazoum, ont créé une vague d’intoxication de fausses informations.
Au lendemain de ces sanctions, plusieurs pages, chaines et faux comptes ont été conçus par des personnes malintentionnées sur des plateformes, notamment sur Facebook, YouTube, tweeter, tiktok et autres dans le but de relayer des informations erronées. A titre l’illustratif, des comptes Facebook ont été découverts qui sembleraient appartenir au nouveau Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, alors que seule la page officielle de la primature est disponible. Aussi, une vidéo d’une trentaine de minutes montrant qu’après la signature de sa démission le président Bazoum est libre de ses mouvements, avait été publiée sur la toile.
S’agissant des organes de presse (écrite et audiovisuelle), dans un contexte rigide, quelques-uns de ceux-ci, dans le but de générer du buzz ou à la quête du scoop publient parfois des informations sans une assurance requise par les règles du métier de journalisme dont le respect de l’éthique et la déontologie. On remarque que certains médias internationaux tels que RFI, TV5, France 24 à travers leurs correspondants, diffusent plus d'éléments que ceux du Niger.
Pour M. AGUEMON Urbain, expert en Fact cheking résidant à Niamey, ce phénomène n'est pas nouveau et n'est certainement pas propre au récent coup d’Etat du Niger. Pour lui, depuis l'avènement des réseaux sociaux, chaque événement majeur, qu'il soit national ou international, est accompagné d'une avalanche de fausses informations. La situation socioéconomique et politique qui prévaut n’a pas fait exception à cette tendance. M. Urbain, relève que les fausses informations proviennent de diverses sources, tant de ceux qui soutiennent le coup d’Etat que de ceux qui s'y opposent. « Chacun cherche à étayer sa position en atteignant le plus grand nombre de personnes », souligne-t-il.
M. AGUEMON Urbain d’indiquer par la suite que malgré que les Hommes de médias s’efforcent à respecter les principes de déontologie et d'éthique de leur métier, ils ne sont pas à l'abri des fake news qui circulent sur les réseaux sociaux et sur Internet en général. Mais, ces derniers tombent dans le piège à cause de la course à la publication de ‘’l’information de dernière minute’’.
Toujours selon ses explications, les difficultés liées à la vérification des informations dans un contexte particulièrement tendu pourraient être à la base ce problème qui engendre sans doute des conséquences graves et nuit à la crédibilité de l'ensemble de la profession. Selon le Président de l’Association Nigérienne des web activistes, M. Soumaila Hanikoye, il ressort d’un sondage mené par ladite Association sur la période allant du 30 juillet au 24 aout 2023 pour examiner et évaluer les informations circulant sur les plateformes en lignes afin d’identifier leurs provenances, que sur un chiffre de trois cent quinze (315) données enregistrées dont 185 traitées, seulement 70 de ces données sont fiables et sourcées. Il est important de souligner que celles-ci sont composées entre autre de vidéos, des images, des audio voire de textes quelques fois.
Pour lutter efficacement contre cette intoxication de fausses informations, M. Soumaila Haniloye a affirmé qu’une formation sur le faketcheking a été organisée à Niamey. A cela s’ajoute la campagne de sensibilisation à l’intention des acteurs numériques.
M. AGUEMON Urbain rappelle que la lutte contre la désinformation est impérative surtout dans une période de crise. Il recommande aux professionnels des médias de favoriser la rubrique fact checking dans les rédactions et les exhorte à redoubler d'efforts dans la de vérification des informations. Cela en utilisant des techniques de fact-checking, avant de les publier. « Je tiens à souligner qu'il est judicieux de suivre ce conseil que je donne régulièrement au cours de mes formations : il faut "tourner sept fois sa plume, sa caméra, ou son enregistreur" avant de diffuser toute information. La responsabilité des médias est de fournir des informations exactes et vérifiées à la population, surtout en périodes de crise », conclut-il.