La Coalition des Acteurs pour le Repositionnement de la Planification Familiale (CAR/PF) a organisé, avec l’appui financier de l’ONG Internationale Marie Stopes, une Journée de réflexion sur les avancées et les défis de la mise en œuvre du protocole de Maputo au Niger le mardi 11 juillet 2023 au siège de l’ONG Dimol. Cette journée rentre dans le cadre des activités organisées pour la commémoration du 20ème anniversaire dudit Protocole de Maputo. Le thème retenu par l’Union Africaine cette année pour célébrer ce 20ème anniversaire est « Accélérer la promesse pour les femmes et les filles africaines ».
La journée a pour objectif de mobiliser les parties prenantes locales afin de célébrer les progrès déjà réalisés depuis la signature du protocole de Maputo par le Niger notamment ceux réalisés en termes d’accès aux DSSR et les autres défis auxquels le gouvernement doit s’attaquer. Sachant que le Niger a signé le protocole, mais ne l’a jusqu’à présent pas ratifié.
C’est le Vice-président de la commission des affaires sociales et culturelles (CASC) de l’Assemblée nationale, M. Hamza Boka qui a procédé à l’ouverture des travaux de cette journée qui a regroupés plusieurs participants issus des organisations de la société civile, des ministères concernés par la question, de l’Assemblée Nationales, ainsi que les membres de la Coalition. C’était en présence des députés nationaux, des commissaires aux droits humains, de la directrice de la Protection des droits des femmes du Ministère de la Promotion de la femme, des représentants des institutions de l’Etat et des partenaires.
En ouvrant officiellement les travaux de cette journée le Vice-président de la commission des affaires sociales et culturelles (CASC) a d’abord rappelé que le « Protocole à la Charte Africaine des Droits de L’Homme et des Peuples relatifs aux droits des Femmes » communément appelé Protocole de Maputo fut adopté par la Conférence de l’Union Africaines à Maputo, la capitale du Mozambique le 11 juillet 2003. « Le Protocole de Maputo est un traité qui impose des contraintes sur les pays qui l’ont ratifié » a souligné M. Hamza Boka. Pour sa part, « le Niger a signé le Protocole de Maputo, mais ne l’a pas encore ratifié du fait de réserves portées sur certains articles dudit traité » a-t-il indiqué. Toutefois, dit-il, des avancées importantes ont été enregistrées grâce aux efforts du gouvernement et de ses partenaires, mais aussi de la représentation nationale.
Parmi ces avancées, citées par le Vice-président de la CASC, on note l’amélioration du maintien dans le système éducatif des filles ; l’amélioration de l’insertion des filles dans des formations académiques à caractère technique et scientifique ; l’amélioration du taux d’alphabétisation des femmes. Il y a également l’amélioration de la situation juridique des femmes par une effectivité de l’application des instruments etc.
« Malgré ces avancées, le combat pour la promotion des droits des femmes reste encore d’actualité car le chantier est très vaste. Cette activité est une belle opportunité pour tous les défenseurs des droits des femmes de célébrer les avancées obtenues en matière de promotion des droits des femmes », a précisé le député Hamza Boka.
A son tour, la directrice de la Protection des droits des femmes, Mme Diop Sahadatou a aussi rappelé le contexte de l’adoption du Protocole de Maputo. « Le traité est entré en vigueur en novembre 2005 quand le nombre minimum de ratifications de 15 des 53 Nations membres de l’Union Africaine fut atteint » a-t-elle dit.
En Juin 2007, selon l’Union Africaine, 43 pays furent signataires dont le Niger et 20 l’avait ratifié.
« Les États adoptent et mettent en œuvre les mesures appropriées afin d’assurer la protection du droit de la femme au respect de sa dignité et sa protection contre toutes formes de violence, notamment la violence sexuelle et verbale » appuie Mme Diop Sahadatou. Elle souligne que « L’adoption du protocole est une étape importante pour le continent africain et plus encore pour ses femmes et ses filles ».
Pour sa part la responsable Plaidoyer de l’ONG Marie Stopes Niger, Mme Bakah Aminatou, le 20ème anniversaire du protocole de Maputo est un moment important pour les défenseurs des droits des femmes. « Il offre l’occasion d’exiger des gouvernements africains des changements réels et tangibles pour les femmes et les filles dans leurs pays, en levant les réserves, en intégrant et en mettant en œuvre le protocole, et en veillant à ce qu’ils respectent les processus de responsabilisation » selon Mme Bakah Aminatou. C’est pourquoi, affirme-elle, nous saisissons cette belle opportunité que nous offre cette journée d’anniversaire pour plaider en faveur de la ratification ou de la domestication, ou de la mise en œuvre et/ou de la responsabilité de l’article 14 du protocole de Maputo.
Auparavant le Président de la Coalition des Acteurs pour le Repositionnement de la Planification Familiale (CAR/PF), M. Yaou Moussa a notifié les deux activités majeures programmées par CAR/PF pendant cette journée du 11 juillet.
Il s’agit d’un panel de haut niveau sur les avancées et les défis de la ratification et de la mise en œuvre du Protocole Maputo et une visite avec l’ensemble des acteurs présents (panelistes et participants) du site d’hébergement des femmes victimes de la fistule obstétricale pour s’enquérir des conditions de leur prise en charge pour un meilleur plaidoyer en faveur des droits sexuels et reproductifs des filles et des femmes. Aussi « une note de plaidoyer sera rédigée pour rappeler au ministre de la santé publique, de la population et des affaires sociales certains engagements DSSR pris par le Niger » a indiqué M. Yaou Moussa. Celui-ci a précisé que cette note prendra en compte certaines recommandations du panel après les deux sessions et des constats ainsi que des discussions avec des femmes victimes de la fistule obstétricale.
Notons que Coalition des Acteurs pour le Repositionnement de la PF est un regroupement d’OSCs nigériennes actives dans le domaine de la Santé et des droits reproductifs, et des thématiques connexes telles que la lutte contre les violences basées sur le genre, l’autonomisation des filles et des femmes, l’éducation, etc. la CAR/PF a pour mission de mener de plaidoyer en vue d’un renforcement du dispositif politique et règlementaire en matière de DSSR ; d’un accès équitable aux services des DSSR, y compris en milieu d’apprentissage et en situation d’urgence humanitaire ; et d’une mobilisation des ressources en faveur des DSSR.
Boukari Adamou