Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

Le projet Résilience et cohésion sociale dans les communautés transfrontalières du Liptako-Gourma (RECOLG), mis en place depuis décembre 2019 pour une durée de 48 mois, intervient dans plusieurs localités au Niger dont Téra, Gorouol, Bankilaré, Kokorou, Ayorou afin de renforcer les moyens d’existence des populations vulnérables et leur résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Le projet inscrit également ses actions dans l’amélioration de la gouvernance locale et la cohésion sociale au sein des communautés transfrontalières du Liptako-Gourma couvrant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

 

Le consortium formé de huit (8) ONGs, AREN, CARE, CRUS, DRC, Karkara, Tassaght, RBM et SCI mettent donc en synergie un paquet d’activités touchant la protection sociale, la santé et la nutrition, le développement économique, la gouvernance locale et la cohésion sociale. Cette action qui est possible grâce au financement de l’Union Européenne et de Danida, vient renforcer les actions des autorités locales et des services techniques déconcentrés auprès des communes d’intervention.
Ainsi, récemment à Ayorou, ville située à plus de 200 km au nord de Niamey, dans la zone des 3 frontières où sévit la violence terroriste, des ménages vulnérables ont bénéficié d’une opération de transfert monétaire, couplée à celle de la farine enrichie et à des activités de sensibilisation et de dépistage.
Au total, pour les cinq (5) communes ciblées par le projet au Niger, ce sont 2 180 ménages qui ont reçu cet appui de protection sociale afin de les aider à améliorer leur résistance aux chocs, qu’ils soient climatiques ou sécuritaires.
« Je suis venue chercher de la farine enrichie Misola », nous indique, Fatimata. A son dos, un bébé de 12 mois. Elle habite Ayorou Peulh et, est âgé de 30 ans. Elle est avec d’autres femmes qui, pour la plupart, tiennent dans leurs mains ou portent sur leurs dos des enfants en bas âge. Toutes ont reçu des sachets contenant de la farine enrichie.
« Nous donnons un kit composé de 6 sachets de 500 g de farine Misola, soit 3 kg pour chaque femme ayant un enfant de 6 à 23 mois et étant également bénéficiaire de transfert monétaire », nous informe un agent, affairé à distribuer les farines enrichies pour les jeunes enfants.
Les femmes qui font le rang, sont soit des déplacées ou des autochtones de la ville d’Ayorou. Toutes ont en commun la vulnérabilité.
« Depuis que nous avons fui l’insécurité, c’est le projet RECOLG qui nous vient en aide », indique Fatimata.
C’est avec une certaine fierté qu’elle nous montre son enfant. « La farine Misola qu’on nous donne ici permet à nos enfants d’avoir du poids et j’en ai reçu plusieurs fois », précise-t-elle.
Jouant avec lui pour le faire sourire, elle ajoute, « c’est grâce à Save The Children que nous sommes encore là ».
Parmi les bénéficiaires du transfert monétaire, nous avons trouvé assise sous un arbre une septuagénaire qui affirme avoir reçu 40.000 FCFA. « C’est la quatrième fois cette année que Save The Children nous donne à chacun que vous voyez ici en train de faire le rang cette somme ».
Mata Aria, c’est son nom, nous apprend ne pas voir très bien et avant l’arrivée de l’ONG, elle mendiait. « Maintenant, grâce à l’argent que je reçois chaque mois, je m’achète à manger ainsi qu’à mes 9 petits-enfants ».
Elle reconnait, en outre, que sa vie s’est beaucoup améliorée. « Le projet RECOLG, à travers les ONGs Care et AREN, nous ont aussi distribué des chèvres, des boucs, des moutons et des brebis. Les miens se sont multipliés et sont avec mon fils qui les a amenés avec lui derrière le fleuve », confie-t-elle.
En effet, pour accroître la résilience des ménages vulnérables, le projet RECOLG fait aussi de la distribution d’aliment pour bétail et de la reconstitution de cheptel, en plus d’appui aux Banques d’aliments-bétail.
« Nos animaux, c’est aussi grâce au projet RECOLG que nous parvenons à les nourrir. Nous recevons souvent des aliments qui leur permettent de survivre. Ces dernières années, les pâturages sont difficiles d’accès à cause de l’insécurité », ajoute Mata Aria.
« D’ailleurs, il y a peu de pâturages car il n’y a pas eu assez de pluie », renchérit Mariama Moctar, 35 ans. Elle dit être de la localité de Weilabon Ouest. « Mon mari et moi avons été chassés par l’insécurité. J’habite Ayorou depuis 3 ans. Mon mari, lui, est parti en exode en Algérie et ça fait 2 ans qu’il n’est pas revenu », nous fait-elle savoir.
« Sans l’argent, la farine enrichie et toutes les autres formes d’aide que je reçois de la part du projet, je ne sais pas si j’arriverais à bien m’occuper de nos 3 enfants », ajoute la jeune femme.
Mariama a commencé un petit commerce, grâce aux actions liées aux Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC) et remercie de manière appuyée le projet RECOLG et ses 5 partenaires intervenant au Niger. Elle est l’une de ces femmes devenues cheffes de familles qui n’ont de recours que la seule aide des organisations humanitaires.
Parmi toutes ces femmes, certaines sont seules avec leurs enfants, le mari étant soit mort, tué par des hommes armés ou parti sous d’autres cieux pour fuir l’insécurité et la précarité.
Dans la zone, beaucoup d’écoles, de centres de santé et de marchés ruraux sont fermés, des réseaux de communication mobile et des infrastructures abritant les services de l’administration publique dans de nombreux villages sont détruits.
Les groupes terroristes n’hésitent pas aussi à empêcher les habitants de mener leurs activités agricoles et pastorales. D’ailleurs, beaucoup ont été sommés de quitter leurs localités d’origine ou l’ont fait de leur propre chef pour fuir l’insécurité.
Il faut souligner que, dans son volet dédié à la bonne gouvernance et la cohésion sociale, sous la direction de DRC, le projet RECOLOG tente d’appuyer au mieux les autorités locales à continuer à remplir leurs fonctions, même en cas de délocalisation.
Des actions sont, également, entreprises afin d’assurer des cadres d’échanges et de concertation entre les autorités locales, les services techniques déconcentrés et les communautés afin d’améliorer la confiance entre les différents acteurs.
Il y également des foras de dialogue permettant aux communautés déplacées et aux communautés hôtes de se rencontrer afin d’éviter tout conflit, entre autres liés aux ressources naturelles.
L’appui aux populations de la région de Tillabéry ne parvient pas à répondre à tous les besoins, mais, couplé aux autres actions de l’Etat, des autres ONGs (dont d’autres consortia financés également par l’union européenne sur ces mêmes objectifs mais dans d’autres communes), cela permet d’aider des ménages très vulnérables à mieux surmonter les chocs et aux autorités locales et aux services techniques déconcentrés de continuer à appuyer les populations, malgré la détérioration des conditions sécuritaires dans la zone.

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