Á l’instar des autres pays du monde, le Niger a célébré la journée des droits des femmes, le 8 mars. Une occasion pour le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum de rendre hommage aux femmes nigériennes en saluant leur contribution pour le développement du pays, tout en reconnaissant leur « apport indéniable » pour l’instauration de la démocratie au Niger.
Un vibrant hommage aux « Amazones de Save the Children »
Á Save the Children Niger, pour célébrer cette journée, les filles et les femmes prennent le pouvoir contre les inégalités sociales et professionnelles et s’engagent pour la durabilité environnementale. Ainsi, une série d’activités a été initiée pour marquer la journée. Dans la matinée, pour marquer leur engagement et leur attachement aux principes de l’égalité de genre, les collègues hommes du bureau ont réservé une standing ovation chaleureuse aux collègues femmes qui passaient par une haie d’honneur. Ce moment émouvant a été suivi par le mot de circonstance de la Directrice pays, Mme Ilaria Manunza.
« Chères Amazones de Save the Children, a lancé Ilaria, aujourd’hui, c’est notre jour ! Les manifestations de ce jour, marquent notre engagement en faveur de l’égalité de genre dans nos trois percées « Survivre, Apprendre et Être Protégé » pour les enfants filles et garçons du Niger ».
La Directrice pays n’a pas manqué de souligner le besoin d’améliorer l’équilibre genre au sein du bureau. « Il y’a lieu de reconnaitre et d’encourager les avancées du bureau du Niger en matière d’intégration du genre. A Niamey, le bureau compte 32,4% de femmes, contre 24,2 % pour l’ensemble de la représentation de SCI au Niger. Des chiffres qu’il faudrait sans doute améliorer pour une parité de 50/50 genre à SCI Niger dans les années à venir », a -t-elle reconnu.
Parité hommes/femmes, du chemin à faire
Au Niger selon un rapport datant de 2019 du Ministère de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, seulement 26% de femmes occupent des fonctions de cadre « A » y compris les postes nominatifs et électifs contre 15% pour les autres échelons de la fonction publique.
Dans le pays, la participation des femmes aux instances de prises de décision a connu son épilogue à partir du 13 mai 1991 où les femmes ont organisé une marche historique afin de réclamer une meilleure représentativité à la Commission Préparatoire de la Conférence Nationale Souveraine.
Le Niger fut ainsi l'une des premières nations de la sous-région Afrique de l’ouest à encourager la participation politique des femmes à travers l’adoption de la loi n°2000-008 du 7 juin 2000 instituant le système de quota dans les fonctions électives, au Gouvernement et dans l’Administration de l’Etat.
La loi n°2000-008 a comme objectif principal, l’institution d’un système de quota à titre transitoire dans les fonctions électives (10%), au Gouvernement et dans l’Administration de l’Etat (25%). Son décret d’application n°2001-056/MDS/P/PF/PE a été adopté le 28 février 2001.
En 2014, cette loi a été révisée à la hausse pour les postes électifs de 10% à 15%, améliorant ainsi la représentativité des femmes notamment au Parlement à l’occasion des élections législatives de 2016. Mais en 2022 encore, il y a du chemin à faire pour équilibrer la parité hommes/femmes et permettre aux femmes nigériennes de s’épanouir dans le pays du Ména et ce, à tous les niveaux. Le paradoxe est que le pays a ratifié toutes les conventions/déclarations afférentes à l’égalité du genre. Entre autres, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ; la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) en 1999 ; la Déclaration et le Programme d’action de Beijing adoptés à la quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les femmes en 1995 ; l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté en 2015 les Objectifs pour le Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.
Aussi, le Plan de Développement Economique et Social (PDES Niger 2017-2021) indique clairement que : « Aujourd’hui, le défi de la participation est d’abord celui du renforcement de l’accès des femmes à la prise de décision mais surtout d’amener les hommes et les femmes à pouvoir gérer et contrôler la décision comme des partenaires à part entière. »
La formation, une arme efficace contre les maux dont souffrent les femmes
Á Save the Children Niger, si les chiffres sont encourageants, des efforts doivent être consentis pour le plein épanouissement des femmes au sein du bureau. A cet effet, un séminaire « webinaire » a été animé par le point-focal genre, M. Jean Paul Dargal sur les « défis et perspectives pour l’épanouissement des femmes à Save the Children, « Inside Out ».
Une opportunité saisie par les femmes pour aborder certaines thématiques et éclairer leurs lanternes sur les voies et moyens pour elles d’avancer dans leurs carrières et gravir des échelons. Selon Mme Aminatou Gali Adame, Coordonnatrice des subventions à Save the Children, « il est plus que jamais impératif de comprendre et de briser le verre de glace qui empêche les femmes d’exprimer leur plein potentiel, d’affirmer leur leadership au sein de Save the Children en briguant les postes de responsabilité et de prise de décision au sein du SMT à l’instar des collègues hommes. Le changement que nous voulons pour les enfants du Niger doit donc commencer par nous-mêmes ».
Pour le 8 mars, les filles du secondaire ont pris le pouvoir dans les locaux de SCI
25 jeunes collégiennes et lycéennes du Complexe d’Enseignement Secondaire du quartier Dar-Es-Salam ont visité les locaux de Save the Children pour comprendre le travail que l’organisation fait de par le monde, échanger avec les femmes qui y travaillent sur leurs parcours. Cette activité qui entre dans le cadre de la politique de « participation des enfants de Save the Children » a été aussi une aubaine non seulement pour développer le leadership féminin des filles, mais aussi pour recueillir des conseils auprès de leurs ainés et femmes modèles de Save the Children, une source d’inspiration dans les études, afin d’avoir un jour la chance de travailler pour la cause de l’humanité.
Au Niger, il est estimé que 76 % des filles sont mariées avant leurs 18 ans et 28 % avant leur 15ème anniversaire. (Taux de mariage des enfants au Niger, s.d). Selon l'UNICEF, le Niger a le taux le plus élevé au monde en ce qui concerne les mariages d'enfants, se positionnant en tête du classement international.
A cela s’ajoutent les corolaires du conflit asymétrique dans le Sahel Central (Mali, Burkina Faso et Niger) qui a engendré la fermeture de plusieurs écoles. En janvier 2022, 72 981 enfants ont été affectés par la fermeture forcée de 758 écoles dans le pays.
« Je formule le vœu que certaines parmi vous aient la chance de travailler sur la défense des droits de l’Homme en intégrant une grande organisation comme Save the Children. Vous savez, c’est lors d’une visite comme celle que vous faite aujourd’hui ici que Bill Clinton, ancien Président des Etats Unies, a pu serrer la main du Président John Kennedy. Et cela a changé sa perception du monde et il s’est qu’il voudrait devenir Président comme Kennedy. Avec de la persévérance, du courage et de l’abnégation, Bill Clinton est parvenu à la Maison Blanche pour deux mandats », a lancé Hamadou Mossi, le Responsable du programme de parrainage, pour galvaniser les filles.
Pour Nana Fatchima Ousmane, en classe de 3ème , « Cette journée me fait penser à mon avenir, sur comment je vais étudier pour devenir une grande personnalité et aussi pour comprendre mes droits en tant que Femme, parce que les filles d’aujourd’hui sont les Femmes de demain d’où l’importance d’étudier.
Pour les visiteuses du jour, au-delà de la symbolique de la célébration du 8 mars, poursuivre ses études est un défi majeur à relever pour plusieurs d’entre elles. Elles seront, si certaines ne le sont pas déjà, promises en mariage au grand dam de leur cursus scolaire et de leur tendre enfance.
« A nos parents du village, laisser les filles étudier à l’école, parce que si une femme gagne c’est tout un pays qui gagne. » Nabara Moumouni Amina, classe de Tle A.
A la fin de la visite qui en a donné plein aux yeux des écolières, Saoudatou, une élève de 5eme, a lancé un regard d’espoir sur le bâtiment flambant neuf de SCI Niger, comme pour se lancer un défi, « Insh’Allah, un jour, je reviendrai pour travailler ici ».