Tout comme en 2020, la maladie à corona virus a eu raison du hadj 2021. Entre la rente financière qu’engrangent les autorités saoudiennes et la préservation de la santé, le choix est on ne peut plus clair. L’Arabie Saoudite a annoncé l’annulation du hadj pour les pèlerins étrangers.
Pour la deuxième fois consécutive, l’espoir des milliers des candidats au pèlerinage est brisé. Avec eux, les encadreurs et autres prestataires de service dans le cadre de hajj. L’Arabie Saoudienne a autorisé seulement le rite pour les personnes résidentes sur leur sol au moment du Hadj. Selon un communiqué du ministère saoudien du Hajj et de la Omra en date du samedi 12 juin 2021, « il a été décidé de limiter la disponibilité de l'inscription pour ceux qui souhaitent accomplir le Hajj, pour l'année 1442 (selon le calendrier musulman de l'Hégire), aux citoyens et résidents du Royaume uniquement, avec un total de 60 000 pèlerins ».
Le communiqué met l'accent sur la nécessité d'un état de santé impeccable pour ceux qui souhaitent accomplir le Hajj, qu'ils ne souffrent pas de maladies chroniques et qu'ils fassent partie des tranches d'âge de 18 à 65 ans, qui ont reçu le vaccin anti-Covid.
Au Niger c’est avec stupéfaction et découragement que les acteurs ont appris la décision des autorités saoudiennes par le biais du Haut-commissariat au Hajj et à la Omra (COHO) ce mardi 15 juin 2021.
Aussitôt annoncée, cette décision est diversement appréciée par les citoyens. Pour certains, elle est salutaire car la santé prime sur l’économie. Pour d’autres, cette annulation constitue un abus d’autorité, du fait que le Hajj, cinquième pilier de l’islam est un droit pour tout musulman qui dispose des moyens. Par conséquent, les autorités Saoudiennes ne devront pas unilatéralement prendre la décision d’annulation.
Seconde source de revenus après le pétrole, le hajj rapporte chaque année des dizaines de milliards de dollars au royaume saoudien. Les revenus pétroliers du pays ayant chuté lourdement avec la baisse des prix du baril, le prince héritier Mohammed ben Salmane a lancé en 2016 le plan «Vision 2030», visant à diversifier l'économie du pays.
Dans cette option, l'Arabie Saoudite avait prévu d'augmenter le nombre de pèlerins venus de l'étranger de 9 à 30 millions d'ici 2030, Hajj et Omra confondus. Pour y parvenir le royaume a engagé une politique de construction des infrastructures hôtelières et routières. En octobre 2018, le pays a construit une ligne de TGV reliant La Mecque et Médine, les deux villes saintes.
Cette rente financière va au-delà de l’Arabie Saoudite, du fait de la spéculation du prix de hadj. Les prix ne cessent d'augmenter chaque année. A titre illustratif, au Niger, un pèlerin qui passe par les agences doit débourser un peu plus de 2 millions de FCFA, tandis que le prix du pèlerinage pour les Marocains s'élevait autour de 3 millions de FCFA.
La décision des autorités saoudiennes vise à prévenir la propagation de la maladie à coronavirus à cette occasion où se retrouvent annuellement plus de 2 millions des fidèles musulmans.
Pour rappel, l’Arabie Saoudite a connu en 2015, un drame suite à une bousculade qui occasionné la mort de plus de 3000 pèlerins issus de 35 pays.
Le dilemme des agences de voyage
Après deux ans d’attente et une décision tardive d’annulation du hajj, les agences et les pèlerins sont dans l’amertume. Et pourtant l’espoir était permis avec la tenue de la Omra cette année contrairement à l’année 2020.
L’heure est à la gestion de la situation qui en découle. Les agences doivent faire face aux demandes de remboursement des frais qui s’accumulent pour certaines sur deux ans (2020-2021).
Par le passé, des responsables d’agences ont eu maille à partir avec leurs clients. Ces derniers n’ayant pas pu effectuer le hajj, ont eu du mal à se faire rembourser. Des chefs d’agences indélicats ont fait l’objet de poursuite judiciaire pour détournement et abus de confiance. Ces genres d’irrégularités ont amené le COHO à suspendre bon nombre d’agences indélicates.
Avec cette nouvelle donne, l’on craint un dédoublement de ces pratiques malsaines au sein des agences de hajj et de Omra, ouvrant la voie à des différends.
La déception est aussi grande chez les pèlerins qui ont pour la plupart ont difficilement réussi à économiser. Cette situation est d’autant plus pressante voire stressante pour les candidats bénéficiaires de la prise en charge qui leurs structures.