Un site d'innondation dans la région de Zinder
Plus de 700.000 personnes ont déjà été affectées cette année par les inondations en Afrique de l’Ouest et centrale, qui ont provoqué la mort de 72 personnes par noyade et blessé 699 autres, a indiqué mardi une agence des Nations Unies, appelant à des investissements dans la préparation, la prévention et les mesures de réponse pour atténuer l’impact sur les moyens de subsistance et le bien-être des populations.
À peine deux mois après le début de la saison des pluies 2024 en Afrique de l’Ouest et centrale, des pluies torrentielles et des inondations sévères ont affecté 716.473 personnes en République centrafricaine, au Tchad, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Libéria, au Niger, au Nigéria, au Mali et au Togo.
Jusqu’à présent, le Tchad est le pays le plus touché, avec 246.883 personnes affectées par les crues en seulement quelques semaines.
« Chaque année, nous tirons la sonnette d’alarme sur les effets du changement climatique et sur ce que cela signifie pour la vie des gens : leurs maisons, leur capacité à cultiver et à se nourrir, à envoyer leurs enfants à l’école, à accéder aux soins de santé de base », a déclaré Charles Bernimolin, Chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.
62.000 maisons détruites
Les inondations, qui touchent souvent les mêmes communautés année après année, ont également gravement affecté les moyens de subsistance et les services sociaux de base, compromettant la capacité des communautés à subvenir à leurs besoins et les obligeant à dépendre de l’aide pour survivre dans la dignité.
La production et la sécurité alimentaires sont également en jeu, avec au moins 25.726 hectares de terres agricoles endommagés et 4.205 têtes de bétail tuées.
L’accès aux soins de santé et à l’éducation de base est entravé avec des dizaines d’écoles et de centres médicaux détruits ou endommagés. Les infrastructures et bâtiments clés sont également touchés.
Environ 62.000 maisons ont été détruites ou endommagées, laissant près de 55.000 femmes, enfants et hommes sans abri et déplacés. Le Nigéria et le Tchad ont enregistré le plus grand nombre de personnes déplacées en raison des inondations, avec respectivement 45.797 et 5.286.
Or les prévisions saisonnières pour 2024 annoncent des précipitations cumulées supérieures à la moyenne pour les périodes de juin à août et de juillet à septembre dans les zones déjà sujettes aux inondations au Sahel et dans certains pays d’Afrique de l’Ouest.
Des femmes pataugent dans les eaux de crue dans un quartier de Kinshasa, en RD Congo (photo d'archives).© UNOCHA/Wassy Kambale Des femmes pataugent dans les eaux de crue dans un quartier de Kinshasa, en RD Congo (photo d'archives).
L’ONU veut une action immédiate
Cette situation aggravera les besoins d’une population déjà vulnérable en raison de la pauvreté chronique, du sous-développement, des conflits et de l’instabilité politique, et augmentera les ressources nécessaires à la réponse humanitaire.
Cette année, le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires a alloué près de 10 millions de dollars au Congo, à la RDC et au Niger, en réponse aux urgences liées aux chocs climatiques, notamment les inondations.
« Penser que nous avons le temps de faire face à la crise climatique en Afrique de l’Ouest et centrale est une erreur. Si nous ne réduisons pas de manière proactive les effets des inondations importantes, de la sécheresse et de la dégradation des sols, une multitude d’autres conséquences nous attendent, avec des coûts bien plus élevés pour les personnes les plus vulnérables de la région », a expliqué Charles Bernimolin, rappelant que « les solutions pour gérer cela existent, mais cela nécessite une action immédiate et un financement suffisant ».
Source CANU