Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

L’ONG Lafia Matassa avec le soutien technique et financier respectivement de RAES et de AmplifyChange a organisé le 23 juillet, le 06, le 18 et le 26 août 2020, des événements mobilisateurs en faveur de l’abandon de la pratique du mariage des enfants respectivement à Mayahi, Téra, Mirriah et Loga. L’axe choisi du mariage d’enfants a rassemblé et donné la parole aux populations, aux acteurs associatifs et politiques pour initier le mouvement pour un avenir juste et durable des jeunes filles.

 

I – Une nouveauté – la parole aux populations lors d’un débat autour du mariage d’enfants.

Rassembler des acteurs associatifs et des représentants des communautés, les décideurs locaux pour débattre autour du thème « le mariage des enfants », discuter et échanger sur l’ampleur, les conséquences et les déterminants du mariage des enfants, ressortir les défis, puis proposer des pistes de solution et mettre en valeur les initiatives existantes à tous les niveaux de la société était le défi de Lafia Matassa et RAES pour cet événement mobilisateur. Ce pari a pu être relevé grâce à la forte mobilisation de tous les acteurs : décideurs, cadres techniques, parents, jeunes, ONG et associations locales, radios partenaires de « c’est la vie » au Niger

L’axe choisi, le mariage des enfants au cours de ces évènements a rassemblé et donné la parole tant aux populations (parents des jeunes filles, jeunes filles, leaders religieux, leaders communautaires), qu’aux acteurs associatifs (ONG et associations de développement) et décideurs locaux (autorités préfectorales, communales, administratives, coutumières,) pour initier le mouvement pour un avenir juste et durable des jeunes filles.
Rassemblés autour des tables en panel : des représentants-es de la scolarisation de la jeunes fille des Directions des enseignements secondaires et des Directions des enseignements primaires, des représentants-es des Directions départementales de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, des représentants-es de la Santé (Sages-femmes et communicateurs) , des représentants-es des jeunes des communes urbaines de de Mayahi , Téra, Mirriah et Loga ont débattu de l’ampleur, des conséquences, des déterminants du mariage des enfants ainsi que des défis et des pistes de solution.
Il ressort des débats que le mariage des enfants est une réalité connue partout au Niger. C’est un phénomène social complexe et ne peut être éradiqué qu’avec une approche participative qui implique les décideurs locaux, les populations, les responsables coutumiers, communautaires et religieux…..
Bien que le mariage des enfants concerne les deux sexes, les filles sont surtout les grandes victimes avec tout ce que cela impliquerait chez elles comme conséquences.

Grosses précoces, mortalité maternelle des jeunes filles, fistules, pauvreté, déscolarisation, exclusion sociale sont autant de conséquences du mariage des enfants mis en avant par les panelistes et les invités (le grand public). Aussi selon eux, le mariage des enfants a des conséquences négatives en termes de droit humains, privant les adolescentes de leur enfance et du droit à l’éducation, à la santé, à la participation citoyenne, à l’autonomie financière, etc.
Dans ce tableau, le rôle et l’influence des parents et de la famille sur l’avenir des jeunes filles sont essentiels car ils sont souvent les organisateurs de ces mariages. Certains pointent du doigt le mauvais comportement des jeunes filles qui poussent certains parents à marier trop tôt leurs filles.
De l’avis des panelistes et des invités, certains parents perçoivent le mariage d’enfants comme un moyen de contrôler la sexualité féminine : les parents craignent que leurs filles les déshonorent en ayant un enfant hors mariage. Dans ce contexte, le mariage d’enfants est donc perçu comme une protection contre l’activité sexuelle pré maritale.
En outre ils soulignent que les parents ont le choix de ne pas marier leur enfant si tôt: l'éducation de la jeune fille est beaucoup plus profitable pour la famille, pour la communauté et pour le pays même, le mariage tardif réduit la survenue de certaines complications obstétricales, dont la prise en charge incombe le plus souvent aux parents quand les maris "fuient".
Quelques défis mis en avant par les panelistes et les invités (le grand public) :
- Changer les perceptions et les normes favorables au mariage des enfants,
- Financer des évènements mobilisateurs dans les villages ;
- Développer des approches communautaires pertinentes pour mettre fin aux mariages des enfants ;
- Renforcer l’empowment des jeunes filles.
Quelques recommandations faites par nos invités pour contribuer à mettre fin aux mariages des enfants au Niger en général, en particulier dans les zones d’intervention du projet (Loga, Mayahi, Téra et Mirriah respectivement dans les régions de Dosso, Maradi, Tillabéri et Zinder) :
- Continuer ce type de débat dans les villages auprès des communautés afin de faire tomber les tabous et les mythes autour du mariage des enfants ;
- Sensibiliser les parents, les filles et les leaders coutumiers aux conséquences néfastes du mariage des enfants et à l’intérêt de la scolarisation des jeunes filles ;
- Conscientiser les parents pour qu’ils s’impliquer pleinement dans l’éducation de leurs filles dans la famille ;
- Encourager la scolarisation de la jeune fille car retarde le mariage chez les jeunes filles;
- Les leaders coutumiers (chefs de village et chefs de quartier) doivent dénoncer les cas de mariages d’enfants dans leur zone de compétence ;
- Poursuivre les actions de communication, d’information et de sensibilisation pour un changement de comportement et social ;
- Encourager l’application des textes protégeant les enfants : Les décideur-e-s doivent appliquer la loi en la matière.
- Encourager les communes à inscrire des lignes budgétaires pour la lutte contre les VBG y compris le mariage des enfants.
Au terme des discussions, des engagements ont été pris par les autorités communales:
En effet, à travers la signature des lettres d’engagement, les maires des communes de Mayahi, Téra, Mirriah et Loga se sont engagés à mettre en place sous réserve de l’approbation de leur conseil communal, une ligne budgétaire dédiée aux DSSR mais également à des actions en faveur de l’abandon des mariages d’enfants au sein de leur commune d’ici Décembre 2021.

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