Séance de sensibilisation des femmes au centre de santé
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la planification familiale est l'ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances dans le but de permettre aux familles de choisir à quel moment elles auront un enfant. En 2022, le taux mondial de prévalence de la contraception, toutes méthodes confondues était estimé à 65 % et le taux d’emploi des méthodes modernes à 58,7 % pour les femmes mariées ou en couple.
Au Niger, de nombreuses femmes utilisent des méthodes de contraception dans le but d’espacer des naissances dans leurs foyers. Pour répondre à leur besoin l’Etat nigérien avec l’appui de ses partenaires a installé dans presque toutes les formations sanitaires publiques le service de planification familiale. Cependant, entre 2012 et 2021, la tendance a baissé, la prévalence est passée de 12% à 10%. Nonobstant cela, les tendances observées des besoins non satisfaits en planification familiale ont très peu varié passant de 16 % en 2012 à 19,0% en 2020. Et cela malgré un niveau élevé de connaissance des méthodes de contraception et la gratuité de celles-ci dans les centres de santé.
Dès la première consultation post natal, selon Haoua (nom d’emprunt), sage-femme à Dosso les femmes sont édifiées sur les différentes méthodes et leur mode d’application. C’est ainsi que, les sages-femmes proposent premièrement aux femmes allaitantes l’usage des pilules et leur expliquent les risques de grossesses en cas de négligence. Les implants, les injections, les stérilets et autres s’en suivent, après c’est aux femmes de décider la méthode qui leur convient. Pour les jeunes filles, il leur est conseillé l’usage du préservatif masculin ou féminin, a précisé la sage-femme. « Cela leur permet d’éviter les grossesses non désirées et se protéger des maladies sexuellement transmissibles telle que les infections », a-t-elle ajouté.
Fatouma Rabiou, une femme d’une trentaine d’années, mère au foyer de quatre enfants, rencontrée au Centre de Santé Mère et Enfant de Dosso, venue se procurer des pilules contraceptives, explique qu’elle a commencé leur utilisation après avoir mis au monde son troisième enfant. Fatoumata raconte qu’elle ne connaissait pas l’importance de ces méthodes étant mariée très jeune et avait des craintes en ce qui les concerne. « Au village, on nous a conseillé de se méfier de ces médicaments. Des rumeurs racontaient que ces comprimés ont des conséquences néfastes qui pourraient aller jusqu’à provoquer une stérilité », a-t-elle confié.
Apres avoir suivi plusieurs sensibilisations post natales et des petites causeries entre femmes, elle a appris que les méthodes contraceptives ne sont pas ce qu’on leur faisait croire. Si Fatouma a une bonne perception de la Planification Familiale, on en dit pas autant concernant Hadiza, une jeune femme, mère d’un petit garçon d’un an. Les contraceptifs selon elle, c’est une manière de se mettre en retard. Sa logique c’est d’enfanter dès que possible sans respecter l’espacement de naissances.
Pour sa part, le président de l’antenne régionale de l’Association Nigérienne pour le Bien – Être Familial de Dosso, Dr Abdoulaye Sanda définit la planification familiale comme étant une stratégie d’espacer les naissances afin de permettre aux femmes de reconstituer les cellules. « Quand une femme donne la vie, elle a besoin de se reposer pour que certains de ses organes se rétablissent », a-t-il indiqué.
A Dosso, selon Dr Abdoulaye Sanda, d’un point de vue positif la quasi-totalité des foyers utilisent des méthodes contraceptives. Depuis 1992, l’association aide l’Etat du Niger à travers les districts sanitaires et à la Direction Régionale de Santé Publique (DRSP) pour pouvoir amener les gens à comprendre. Pour s’y prendre, plusieurs séances de sensibilisation ont été organisées dans la ville de Dosso et alentours à l’intention des femmes et des maris ainsi que des distributeurs de base des communautaires pour les amener à accepter ces méthodes. C’est ainsi qu’à Gaya 40 centres ont été mis en place et 133 distributeurs de base des communautaires à Birni N’Gaouré et une unité médicale à Dosso ville. En milieu rural, selon Dr Abdoulaye Sanda le constat de l’utilisation de planification familiale est amer, c’est-à-dire qu’une femme peut tomber enceinte juste quelques mois après l’accouchement. « Cela provoque la malnutrition au niveau du nourrisson car la femme ne va plus allaiter son bébé », indique-t-il.
Balkissa Ibrahima Mahamane