A l’occasion de l’anniversaire de la mort du général De Gaule, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé depuis Toulon devant la hiérarchie militaire française en faveur du changement définitif du cap de la politique militaire française dans le monde.
Le président français a annoncé la fin officielle de l’opération Barkhane au Sahel et la réorientation de la coopération militaire, un peu moins de trois mois après le retrait des soldats français du Mali. La stratégie de la France en Afrique sera finalisée d'ici six mois, après des consultations avec les pays concernés. "Nous lancerons dans les prochains jours une phase d'échanges avec nos partenaires africains, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ensemble le statut, le format et les missions des actuelles bases militaires françaises au Sahel et en Afrique de l'Ouest", a déclaré Macron. "C'est indispensable et c'est une des conséquences que nous tirons de ce que nous avons vécu ces dernières années dans toute la région du Sahel", a-t-il expliqué.
La stratégie est "de réduire l'exposition et la visibilité de nos forces militaires en Afrique, de se concentrer sur la coopération et l'appui, principalement en termes d'équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel lorsque les pays le souhaitent" selon l’Elysée.
Pour le président Macron, l’armée française sera moins visible sur le terrain et sa mission sera requalifiée au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Car pour Macron « le terrorisme n’a pas disparu mais nous devons réorganiser nos armées ».
Pour l’heure, cette annonce est sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région, car les soldats français se sont déjà retirés du Mali, et 3.000 militaires français restent déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.
Le changement de cap annoncé par Paris intervient dans un contexte de guerre diplomatique entre les pays européens, les Etats Unis et la Russie dont la diplomatie en Afrique de l’ouest est de plus en plus dynamique. Mieux, la France fait face à un mouvement du rejet croissant et permanent de sa coopération militaire en Afrique de l’ouest, particulièrement au Sahel.
Un récent rapport de l'Institut de Recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem), dépendant du ministère français de la Défense, décrivait ainsi au Mali la "prolifération de contenus de désinformation en ligne, le plus souvent destinés à dénigrer la présence française et justifier celle de la Russie". Il constatait aussi la contagion au Burkina voisin.
La force Barkhane qui comptait 5.500 militaires au plus fort de son déploiement dans le Sahel, a été poussée hors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, après L'armée française a quitté le Mali en août, après neuf ans de présence.