En visite de deux jours au Niger dans le cadre d'une mission conjointe de hautes responsables des Nations Unies et de l'Union africaine (UA) consacrée à la participation et au leadership des femmes dans la prévention des conflits,y compris l'extrémisme violent, la Vice-secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed a été reçue par le président MahamadouIssoufou. Après une séance de travail à la présidence de la république, la vice-secrétaire a rencontré les chefs traditionnels, la société civile, les associations féminines du pays. Parlant de ces dernières, Amina Mohammed a rappelé le rôle crucial que peuvent jouer les femmes pour l'avenir d'un Niger pacifique, une fois à des dans les postes de responsabilité.
« J'ai souligné au Président l'importance de la participation et du leadership des femmes dans la prévention des conflits », a déclaré Mme Mohammed à l’issue de sa rencontre avec le chef d’État nigérien qui préside le G5 Sahel qui regroupe le Niger, le Tchad, le Mali, le Burkina-Faso et la Mauritanie pour combattre la menace terroriste dans la région.
« J ai egalement souligne la nécessité d'inclure les femmes dans toutes les réponses nationales et régionales aux défis environnementaux, humanitaires et de développement auxquels le Niger et la région du Sahel sont confrontés » ajoute Amina Mohammed qu’accompagne d’une forte délégation composée de la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka ; l’Envoyée de l’UA pour les femmes, la paix et la sécurité, Bineta Diop, ainsi que Margot Wallstrôm, la Ministre des Affaires étrangères de la Suède qui préside le Conseil de sécurité des Nations Unies pour le mois de juillet.
Centre de Référence de la fistule obstétricale où elles ont été accueillies par la Première
Dame, Dr Lalla Malika Issoufou, et plusieurs membres du Gouvernement, les notables du Niger ont réuni des propositions dans un document et l'ont transmis à la délégation onusienne. Ce document démontre que cette association des chefs traditionnels est en mesure de contribuer efficacement à l'instauration d'une paix durable au Niger.
La Vice-Secrétaire Générale des Nations-Unis et sa délégation ont entretenu leurs hôtes sur l'importance de la scolarisation de la jeune fille et les dangers que représente le mariage précoce pour une société. Madame Amina Mohamed, qui s'est exprimée en Hausa avec les Chefs Traditionnels, s'est réjouie de leur engagement personnel en faveur des changements de comportement dans leurs zones. Pour elle, ces Chefs " se sont personnellement impliqués dans la lutte contre le mariage précoce et ont contribué à améliorer le taux de scolarisation de la jeune fille en milieu rural", a-t-elle dit. Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères suédoise qui accompagnait la Vice-Secrétaire Générale des Nations Unies, s'est dite émerveillée par un tel engagement. "Maintenant, nous pouvons combattre le mariage précoce et la violence parce que ces leaders sont paisibles et que l'Islam est une religion de paix", a conclu Mme Margot Wallstrom, avant d'assister à l'intronisation symbolique de la Vice-Secrétaire Générale des Nations Unies comme "SARAUNIYA".
Visite au Centre de Référence de la Fistule Obstétricale
Attendue par la première dame Dr Lalla Malika Issou-fou au centre des femmes fis-tuleuses, la délégation Onusienne conduite par sa Vice-Secrétaire Générale.
Le ministre de la santé Publique Dr Illiassou Mainas-sara a précisé que les femmes souffrant de la fistule obstétricale sont victimes d'un fléau, évitable, mais qui continue à faire des ravages. Selon le lui, la fistule constitue l'un des plus grands drames chez la femme "de par ses répercussions qui sont à la fois médicales, économiques, psychologiques et sociales". Alors qu'on enregistre dans le monde 50.000 à 100.000 cas chaque année, le Niger enregistre, à lui seul, 700 à 756 cas. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène au Niger, dont l'âge moyen du premier mariage qui est de 15 ans et l'indice synthétique de fécondité qui est de 6 enfants par femme avec des maternités très rapprochées.
La dégradation de la sécurité a entraîné une hausse
des besoins humanitaires La situation sécuritaire au Niger s'est aggravée ces quatre dernières années. En 2015, une première attaque lancée par les extrémistes de Boko Haram à Diffa, dans l'est du pays, a provoqué le déplacement d’environ 300.000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants.
La présence de Boko Haram, dont l'objectif est de créer un Etat islamique dans le nord du Nigeria, a été particulièrement préjudiciable aux femmes et aux filles Selon les Nations Unies, ces dernières ont subi de « violentes et multiples formes de violence sexuelle et sexiste». Les déplacements provoqués par l'insécurité, le changement climatique, et des pluies insuffisantes ont conduit à une détérioration de la situation humanitaire au Niger.
En 2018, 2,3 millions de personnes ont besoin d'assistance, une augmentation de 400.000 par rapport à 2017. Ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest accueille actuellement quelques 165.000 réfugiés provenant majoritairement du nord-est du Nigéria voisin, l'épicentre des activités de Boko Haram.
Le Sahel : région de défis mais aussi d’opportunités
Le Niger fait partie des pays bénéficiaires du Plan de soutien des Nations Unies au Sahel, une région qui s'étend du Tchad en Afrique centrale à la Mauritanie et au Sénégal à l'ouest. Les dix pays cibles du Plan sont le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal.
Le plan, présenté par Mme Mohammed en marge du sommet de l'Union africaine qui s’est tenu à Nouakchott, la capitale mauritanienne, le mois dernier, vise à construire une paix durable dans les dix pays cibles. Il accorde également la priorité à la croissance économique, aux jeunes femmes et à la création d'emplois.