Une vue de la plantation d'arbre
Depuis le lancement de l’Initiative Grande Muraille Verte en Afrique, les autorités du Nigériennes se sont engagées à concrétiser cet ambitieux programme au niveau national et sous régional. Ce programme de lutte contre la désertification met l’accent sur la conservation et la valorisation des ressources naturelles, ainsi que la promotion du développement local et communautaire au profit des populations des zones concernées.
Un tel important projet vise à terme créer une muraille forestière de 7.500 km, qui doit longer le désert du Sahara et traverser 11 États d’Afrique d’ouest en est, du Sénégal jusqu’à Djibouti en passant par le Niger.
Ce qui a donné lieu à la création de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte en mai 2015 en tant qu’établissement public à caractère administratif (EPA) à travers la Loi n°2015-28 du 26 mai 2015.
En adhérant à l’initiative de la grande muraille verte, les autorités nigériennes ont réaffirmé l'importance des ressources naturelles dans le bien-être des populations rurales et dans l'économie nationale.
En effet, il s’agit de mettre en valeur les énormes potentialités dont regorge le Niger pour assurer la sécurité alimentaire durable en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire du pays. La Grande Muraille Verte au Niger se présente dans ses différentes déclinaisons notamment dans la restauration des terres dégradées, le développement socioéconomique.
L’objectif global retenu au Niger pour la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte est le développement d’une approche novatrice et inclusive consistant à mettre en synergie les actions de lutte contre la désertification, de la restauration des terres et de la conservation de la biodiversité, ainsi que le développement de systèmes de productions agricole, sylvicole, pastorale et halieutique, le développement des infrastructures socioéconomiques de base et la création de richesse, par les activités génératrices de revenus. Ceci, en vue d’un développement local durable dans les 244 communes concernées (réactualise en 2024 sur la base de bande isoettes 100 à 500 mm de pluie.).
Les actions entreprises par le Niger dans le cadre de la grande muraille verte
Depuis 2010, période de la création de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte Sahélo-Saharienne, un nombre significatif d’activités ont été réalisées sur le financement du Niger et des appuis des partenaires techniques et financiers à titre indicatifs.
...... des jeunes plants d'arbres
En matière de la gestion durable des ressources naturelles, plusieurs actions ont été réalisées de 2010 à 2022 sur fonds de l’Etat et des partenaires, la fixation de dunes estimées à plus 80 000 ha; le reboisement à plus de 370 000 ha de gommiers et autres espèces forestières et plus de 145 000 000 de plants plantés sur l’ensemble des espaces aménagés entre autres.
Aussi, il a été réalisé 85 954 hectares de gestion durable des terres sur l’ensemble des 105 Communes d’intervention dont 95 Communes font parties de la zone d’intervention de la Grande Muraille Verte au Niger.
Sur l’appui des projets spécifiques on peut noter la récupération de 1225 ha de terres dégradées, l’installation de deux (2) Fermes Agricoles Communautaires Intégrées (FACI) pour renforcer les productions maraichères et piscicoles, des actions d’accompagnement des populations.
Aussi, il faut noter la formation de plusieurs centaines d’acteurs communaux sur la pratique de la Régénération Naturelle Assistée (RNA) et sur les bonnes pratiques de Gestion Durable des Terres et des Eaux (GDTE) ; la récupération de 15 000 hectares de terres dégradées et leur reboisement avec les espèces forestières à grande valeur économique, la réalisation de 1700 hectares de RNA, l’aménagement de 6 044 hectares de forêts dans ses douze (12) Communes d’intervention.
Entre Juillet 2023 et Juillet 2024, 69 579 ha des terres ont été restaurés, 1 179 539 de la Régénération Naturelle Assistée réalisés et 21 283 ha de reboisement sont effectués selon de rapport de la Direction Générale des Eaux et Forêts, responsable du programme restauration des terres au Niger.
Quel avenir pour la grande Muraille verte avec l’avènement du coup d’état au Niger ?
L’initiative de la grande muraille verte se positionne en deuxième priorité parmi les 6 priorités inscrites dans la lettre de mission confiée au Ministre de l’Hydraulique de l’Assainissement et de l’Environnement par le Chef de l’Etat. Mieux, le thème de la journée Nationale de l’Arbre, 1ere édition, Tillaberi 2024 est intitulé « la Grande Muraille Verte: passons à l’action». Une volonté d’accélérer le processus au niveau national et mieux faire adhérer les populations.
Pour les autorités en charge des questions de l’hydraulique et de l’environnement, le changement de régime en juillet dernier n’a nulle part entravé la volonté politique forte des autorités du Niger pour la mise en œuvre de l’Initiative Grande Muraille Verte.
La contribution du secteur privé pour l’atteinte des objectifs assignés à l’initiative de la grande muraille verte.
L’un des résultats de la déclaration de Niamey en 2023, est certainement la mobilisation du secteur privé autour des actions de la grande muraille verte, on remarque une participation plus proactive dans le domanial de production des gommiers (Soiecté ADAX GOMME), et l’implantation des fermes agricoles domaniales intégrée (FADI), mais également les Fermes Agricoles Communautaires Intégrées (FACI) dont une dizaine est en implantation dans la zone GMV au Niger. A ceux-là, s’ajoute la création de plusieurs entreprises privées pour la valorisation des produits agricoles produits forestiers non ligneux, des pépiniéristes.
L’heure du bilan après dix ans de mise en œuvre de l’Initiative de la Grande Muraille Verte
La grande muraille verte est une initiative spectaculaire conçue pour aider les populations et la nature à faire face aux conséquences croissantes de la crise climatique et de la dégradation des écosystèmes vitaux, ainsi que pour empêcher le désert du Sahara d'avancer plus profondément dans l'une des régions les plus pauvres du monde.
D'ici à 2030, la Grande Muraille verte vise à restaurer 100 millions d'hectares de terres, à séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et à créer 10 millions d'emplois. Elle offre une sécurité alimentaire et hydrique, un habitat pour les plantes et les animaux sauvages, et une raison pour les habitants de rester dans une région en proie à la sécheresse et à la pauvreté.
Il ressort de l’évaluation de la mise en œuvre de l’Initiative GMV lancée en juin 2010, que la mise en œuvre reste encore très faible et tourne autour de 10 à 15%, quoique certains pays comme l’Éthiopie, le Sénégal et le Niger ont fait des efforts considérables dans la mise en œuvre de l’initiative, notamment en ce qui concerne la restauration des terres dégradées, le reboisement et la Régénération naturelle assistée.
Pour renforcer, accélérer, et améliorer la mise en œuvre de l’Initiative GMV, l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte, en collaboration avec les pays membres et ses partenaires régionaux et internationaux, a élaboré un ambitieux plan de relance de mise en œuvre de l’Initiative de la Grande Muraille Verte. Ce plan est composé de six (6) Portefeuilles, dix-huit (18) Programmes d’Investissement Prioritaires de Développement (PIPD 2021-2030).
Ce plan d’investissement prioritaire a fait l’objet d’une table ronde des bailleurs des fonds le 11 Janvier 2021, au cours de laquelle il a été annoncé un financement de 19,681 milliards de dollars ou 16,190 milliards d’Euros pour renforcer la mise en œuvre de cette initiative suivant cinq (5) domaines prioritaires ou piliers notamment la valorisations des Chaines de valeurs agrosylvopastorales ; la restauration des terres dégradées agrosylvopastorales ; l’Infrastructures socio-économiques et de systèmes productifs résilients ; le renforcement des capacités scientifiques et techniques et le Cadre économique de l’initiative.
Pour l'atteinte des objectifs assignés à ce grand projet, des efforts supplémentaires doivent être consentis dans la mobilisation des ressources pour doter l’Agence Nationale des ressources financières conséquentes à la hauteur de ces missions, conformément à la Loi N°2015-28 du 26 mai 2015 portant création de l’Agence en tant qu’Etablissement Public à caractère Administratif (EPA), qui la place sous double tutelles. Une tutelle administrative qui relève du Ministère en charge de l’Environnement et une tutelle financière placée sous le Ministère des finances.
Des obstacles qui retardent l’aboutissement de la GMV
Malgré la volonté affichée des dirigeants, des obstacles pas de moindre rendent très difficiles la mise en œuvre de cette initiative au plan nationale. Ainsi, dans sa gestion, l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte au Niger fait face à plusieurs difficultés dont entre autres, l’adoption tardive des textes portant opérationnalisation de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte au Niger. En effet, les textes d’application de la loi portant création de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte en tant qu’un Etablissement Public à caractère Administratif était intervenu en 2015 et le décret d’approbation de ses statuts en 2017, modifié et complété par autre décret en 2020, alors que la ratification de la Convention portant création de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte était effective depuis 2012.
Cette situation a engendré des difficultés dans la mobilisation des ressources financières externes, notamment faute de l’ensemble des textes juridiques et administratifs requis.
A ce retard, il faut tenir compte de la situation d’insécurité de la sous-région et au niveau national qui a fortement affecté la subvention de l’Etat à l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte. Et du coup, l’Agence nationale s’est vue incapable d’assurer sa contribution statutaire à l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte.
A côté des facteurs humains, il faut noter les aléas climatiques notamment les sécheresses fréquentes au Niger et les inondations qui pourraient compromettre la réussite des plantations réalisées et des micro-barrages construits.
Il y a aussi la faible participation des populations locales du degré de la pauvreté dans les zones d’intervention. Ces populations locales pourraient donner plus de priorités aux actions portant sur la satisfaction de leurs besoins individuels immédiats, plutôt que sur les actions participatives durables de gestion de ressources naturelles d’où la création des 5 piliers accélérateur de la GMV en 2021.
Mamane Jaharou