Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

Les débats et contestation la polémique qui ont suivis la frappe aérienne menée par l'opération Barkhane près du village peulh de Bounti, dans le centre du Mali, le 3 janvier sont loin d’être déterminés. Les frappes de l’opération Barkhane ont tué 19 civils selon le rapport de la MUNISMA rendu public ce mardi 30 mars 2021. Les conclusions du rapport d'enquête des Nations unies, de 36 pages détaillent le déroulement de bavures des forces françaises de l’opération Barkhane. Ces victimes est selon le rapport des civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des djihadistes, comme le soutenait Paris au moment des faits.


Ce rapport tombe à un moment où une importante frange de la population du mali voire du Sahel la s’insurge contre la présence militaire française. Les forces françaises présentent au Sahel depuis le début de l'engagement français en 2013 sont plus que jamais sous pression.
Le rapport des Nations unies dont la démarche ne souffre d’aucune ambigüité détaillent parce que conduite par la division des droits de l'homme de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies.
Le rapport précise que c’est à partir d'entretiens directs avec au moins 115 personnes et de groupes, que la Minusma est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma, affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance djihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.
Le rapport précise qu’au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma et 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation. Le groupe touché « était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire », dit la Minusma.
Les experts de l'ONU n'ont trouvé sur place aucun élément attestant la présence d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des djihadistes. Cette bavure « soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution », indique le rapport de la MUNISMA.
La Minusma dans ces conclusions recommande aux autorités maliennes et françaises de diligenter « une enquête indépendante, crédible et transparente ». Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.
Dans ce qui ressemble à une guerre d’information, le ministère français des Armées n’a pas tardé à réagir ce mardi, et a réfuté toute bavure au Mali. Mieux, émet de nombreuses réserves sur l'enquête des Nations unies, selon un communiqué publié sur le site du gouvernent français (www. defense.gouv.fr).
Le ministère maintient sa position de janvier en réaffirmant avec force » que « le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel » près de Bounti, souligne-t-il.
Le ministre émet des doutes sur les témoignages locaux non vérifiables dans ce contexte impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d'éventuels sympathisants terroristes ou d'individus sous influence des groupes djihadistes.
Pour le ministère des Armées les allégations portées sur l'action de la force et sur son intégrité sont non fondées et maintient fermement sa version des faits ».
L’engagement français au Sahel s’est renforcé à travers la présence de 5 100 hommes au Sahel au sein de la force Barkhane. Les armées françaises sont déployées à la demande des autorités maliennes qui ont répété à plusieurs reprises leur souhait de voir cette présence maintenue. Les militaires de Barkhane sont reconnus pour leur professionnalisme.
Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH), ont demandé l'ouverture d'une enquête indépendante. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a également estimé « important que toute la lumière soit faite sur cet événement ».
Après avoir pris connaissance du rapport produit par la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), le ministère des Armées maintient avec constance et réaffirme avec force que le 3 janvier 2021, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel.
Le rapport de la Minusma sur les circonstances de la frappe conduite par la force Barkhane dans les environs du village de Bounti a été rendu public. Le ministère des Armées s’était tenu à la disposition de l’équipe responsable de la rédaction du rapport et lui avait transmis des informations afin de contribuer au travail mené.

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