Monsieur le Président de l’Assemblée générale des Nations unies
Monsieur le Secrétaire général
Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs,
Au moment où l’ONU souffle ses 75 bougies, nous vivons aujourd’hui un moment crucial et inédit depuis sa création, celui de la pandémie du COVID-19, qui depuis la fin de la seconde guerre mondiale reste et demeure le plus grave défi de notre époque. Plus qu'une crise sanitaire, cette pandémie est bien aussi une crise socioéconomique sans précédent, qui frappe sans distinction tous les pays du monde, avec des impacts sociaux, économiques et politiques dévastateurs, qui laisseront sans nul doute de profondes cicatrices qui tarderont à s’effacer.
Bien que la pandémie semble se stabiliser dans l'ensemble du continent Africain, il est difficile de prévoir son évolution au regard de la situation actuelle qui est marquée par une reprise épidémique dans plusieurs parties du monde. Nous pourrions être amenés à vivre avec pendant un certain temps encore.
Pour surmonter ce cataclysme mondial, il nous faut réfléchir à un nouveau paradigme. Rappelons-nous des solutions qu’il a fallu mettre en place pour reconstruire les pays dévastés des suites de conflits, des catastrophes naturelles ou des pandémies. Les solutions qui ont été conçues et mises en œuvre pourraient nous inspirer utilement. Et, en l’occurrence, la pandémie de la covid-19 a brutalement rappelé à la communauté internationale la nécessité de procéder à un questionnement de l‘ordre économique mondial où les 10% les plus riches possèdent 80 à 90% du patrimoine mondial. Un contexte marqué par un tel rapport ne peut être ni stable, ni en paix.
Plus que jamais le monde a besoin de plus de solidarité, de coopération et d’engagement pour faire face aux menaces qui le guettent. Il est donc indispensable de faire une place de choix à la lutte contre les inégalités, qui est une condition nécessaire à l’éradication de la pauvreté.
Cette pauvreté est exacerbée par les effets des changements climatiques qui impactent négativement sur les moyens d’existence de nos concitoyens.
L’Afrique, pour sa part, est résolument engagée dans des programmes ambitieux pour son intégration et son développement afin de sortir ses populations de la pauvreté à travers la mise en œuvre des objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
Mesdames et Messieurs,
Les menaces d’ordre sécuritaire rajoutent à la précarité des populations et compromet la paix et à la stabilité dans diverses régions du monde. Et l’Afrique subsaharienne souffre des conséquences dévastatrices de ces menaces, avec notamment le phénomène récurrent de la secte terroriste « Boko haram » auquel font face les Etats du Bassin du Lac Tchad. Les conséquences de l’instabilité en Libye ont occasionné depuis 2011 l’émergence d’un autre front du terrorisme et du grand banditisme, au nord du Mali et dans les régions limitrophes du Burkina et du Niger, avec une tendance à l’extension du phénomène jusqu’aux pays côtiers, jadis épargnés.
Dans la corne de l’Afrique, les Shebabs continuent à semer la terreur gratuite et à plonger la population dans la désolation et la précarité.
Face à tous ces défis sécuritaires et de développement, notre Région tente d’apporter des réponses appropriées.
Mesdames, Messieurs,
La situation au Sahel est d’une portée globale et requiert par conséquent une réponse globale. Il est donc opportun qu’une attention plus accrue soit accordée à cette partie du monde par la communauté internationale, à travers un appui plus soutenu des politiques en faveur d’actions climatiques plus synergiques, mieux coordonnées, plus intégrées, plus cohérentes, et plus durables.
Je reste convaincu que c’est l’approche la plus efficace qui permettra de promouvoir une meilleure résilience des pays sahéliens face aux défis climatiques, sécuritaires et de développement, auxquels ils sont confrontés. Chacun de ces défis mérite une attention particulière et une réponse collective, adaptée et soutenue. C’est dire qu’il est toujours possible d’inverser la tendance face à ces défis. Mais cela nécessite la conjugaison des efforts et un accompagnement soutenu de tous.
Au cours de ces vingt années, le contexte géopolitique mondial a connu de profonds bouleversements, qui ont été amplifiés par la crise récente de la COVID 19. Alors que les données climatiques et épidémiologiques indiquaient la nécessité d’une plus grande coopération multilatérale, certains acteurs politiques prônent le repli identitaire, l’ultranationalisme ou l’unilatéralisme. Ce 75e anniversaire des Nations Unies est donc l’occasion pour la communauté internationale de renouveler sa foi dans le multilatéralisme, dont l’importance vient de nous être rappelée par la pandémie de la covid-19
Mesdames et Messieurs,
La soixante-quinzième Session de l’AGNU résume toute l’importance du multilatéralisme et le rôle essentiel de l’Organisation des Nations Unies. Cette session est l’occasion d’interpeller les Etats sur l’importance du multilatéralisme comme facteur de paix et de stabilité mondiale devant la crise profonde que traverse l’ordre international libéral westphalien.
La communauté internationale est actuellement caractérisée par une course aux armements, des tensions commerciales, une montée du populisme et de la xénophobie, l’accroissement des inégalités, des flux migratoires, la propagation des menaces des organisations terroristes et criminelles. Un multilatéralisme inclusif, assumé par tous les pays, est la solution qui permettra d’apporter les meilleures réponses à ces defis.
Mesdames, Messieurs,
Dans le cadre de la redynamisation des efforts multilatéraux, une attention particulière doit être accordée aux mesures de réformes engagées sans succès depuis déjà plusieurs années. En effet, depuis la création de l’ONU, la composition du Conseil de sécurité est restée la même à ce jour, alors que la structure de la communauté internationale a considérablement avec notamment des fonctions devenues multidisciplinaires. Il y a un sentiment partagé par l’écrasante majorité des pays membres des Nations Unies en faveur d’une réforme rapide du Conseil de sécurité qui reflèterait la réalité de la communauté internationale afin d’améliorer sa légitimité, son efficacité, sa représentativité et sa transparence. Par rapport à cette réforme Le Niger demeure attaché à la position commune africaine telle qu’exprimée à travers le consensus l’Ezulwini.
Dans la même veine, la revitalisation de l’Assemblée générale, instance représentative par excellence et de l’ECOSOC, garante de l’avènement d’un Nouvel Ordre Economique Mondial, doivent être menées de pair avec celle du Conseil de sécurité.
La réforme ne doit pas se limiter à la gouvernance politique mondiale. Elle doit aussi concerner la gouvernance économique et ses institutions notamment l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale. Sans ces réformes il serait difficile de réaliser les ODD à l’horizon 2030 notamment l’ODD 1 relatif à l’éradication de la pauvreté. Il serait tout aussi difficile de répondre aux aspirations des peuples africains contenues dans l’agenda 2063.
Mesdames et Messieurs,
Dans notre monde en mutation, l’ONU reste l’outil inestimable entre les mains de l’humanité pour faire avancer le bien commun. Profitons de cet anniversaire pour tirer les leçons des 75 années passées, et renouvelons notre engagement au service des peuples afin que chacun puisse vivre dans la prospérité, la paix et la dignité. Ce n’est qu’en conjuguant nos efforts que nous pouvons vaincre les menaces communes et saisir les chances qui naissent de l’action collective.
Mesdames et Messieurs
Le Niger en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020/2021, porte le message de paix et s’engage aux cotés des autres Etats membres du Conseil de Sécurité, à la promotion d’un monde en paix, au profit de la génération actuelle, et de celles à venir, telle est l’aspiration de notre pays.
Aussi, le message d’un monde épris de paix, le Niger le porte de manière constante au sein des multiples organisations régionales, continentales et mondiales auxquelles nous appartenons, depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Je vous remercie