L’ex-président du Soudan Omar el-Béchir, poussé au départ par un vaste mouvement de contestation, comparaîtra la semaine prochaine devant un tribunal pour répondre d’accusations de corruption et de possession illégale de devises étrangères, a déclaré samedi 15 juin le Procureur général. « Omar el-Béchir comparaîtra devant un tribunal la semaine prochaine », a affirmé à des journalistes Al-Walid Sayyed Ahmed, sans indiquer la date précise de l’audience. Omar el-Béchir a été destitué le 11 avril puis arrêté par l’armée qui exerce le pouvoir depuis.
Jeudi, l’agence de presse officielle soudanaise SUNA avait cité un responsable non identifié indiquant que l’ancien homme fort du Soudan était accusé « de possession de devises étrangères, d’avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale et d’avoir ordonné (l’état) d’urgence ». Le Procureur général a lui indiqué que Omar el-Béchir devrait répondre de « corruption et possession illégale de devises étrangères ».
En avril, le chef du Conseil militaire de transition qui exerce actuellement le pouvoir au Soudan avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de M. Béchir à Khartoum. Cette somme était constituée de livres soudanaises, de dollars et d’euros, selon la même source.
Fort niveau de corruption
Omar el-Béchir était arrivé au pouvoir en 1989 à la suite d’un coup d’Etat. Sous son régime, le Soudan a connu un fort niveau de corruption. Le pays est classé 172e sur 180 dans l’indice 2018 de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.
Outre l’inculpation pour corruption, el-Béchir fait aussi l’objet de poursuites pour les meurtres de manifestants durant la répression de la contestation née dans le pays en décembre, après le triplement des prix du pain par le gouvernement. Le régime avait alors tenté de juguler ce mouvement en imposant l’état d’urgence le 22 février.
Le Procureur général a précisé que el-Béchir était aussi interrogé au sujet de suspicions de blanchiment d’argent et de « financement du terrorisme ». Le Parquet enquête en outre sur 41 chefs d’accusation visant d’anciens « symboles du régime déchu », a dit Al-Walid Sayyed Ahmed sans autre précision. Nombre des chefs d’accusation concernent des délits liés à la « possession de terre », a-t-il toutefois indiqué.