L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali a indiqué que les attaques meurtrières qui se multiplient contre des civils dans certaines régions du pays pourrait être qualifiées de crime contre l’humanité. « Ces violations des droits de l’homme, documentées presque toutes les semaines depuis plus d’un an, pourraient être qualifiées de crimes contre l’humanité », a déclaré cet expert, Alioune Tine, dans un communiqué rendu public ce vendredi à Genève.
Il est arrivé à cette conclusion après l’attaque ayant eu lieu le week-end dernier dans le village Dogon de Sobanou-Kou, dans la région de Mopti, au centre du Mali. Selon l’expert indépendant onusien, cette attaque « s’inscrit dans l’intensification du cycle de violence meurtrière dans le centre du Mali » et ces attaques sont régulièrement menées contre des populations civiles.
Il a d’ailleurs indiqué avoir reçu des informations faisant état de nombreuses personnes tuées et blessées, ainsi que de dizaines de personnes enlevées, avec un nombre élevé de femmes et d’enfants parmi les victimes. « Les enquêtes se poursuivent et de plus amples détails, y compris le nombre exact de victimes, seront bientôt disponibles », a ajouté M. Tine. L'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali, Alioune Tine. MINUSMA/Mikado FM. L'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali, Alioune Tine.
Un sentiment d’impunité
Face à ces nouvelles tueries, il a donc appelé à une protection renforcée des personnes, mais aussi à ce que les auteurs de tels abus rendent des comptes. « L’impunité pour ces crimes donne aux auteurs un sentiment d’immunité », a-t-il mis en garde.
Si l’expert indépendant onusien s’est félicité de la réaction rapide du gouvernement malien aux attaques contre des civils dans la région de Mopti, notamment des incidents survenus les 1er janvier et 23 mars dans les villages peuls et dans la région, il plaide pour davantage de « mesures préventives pour protéger les civils ».
« J’exhorte les autorités maliennes à mettre en place une force de sécurité renforcée dans le centre du pays », a-t-il fait valoir. Il veut également le désarmement et la dissolution immédiate de toutes les milices armées, ainsi que la tenue d’enquêtes judiciaires efficaces afin de traduire les auteurs en justice.
L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali insiste sur « la nécessité absolue » des autorités gouvernementales, avec le soutien de tous les partenaires concernés, de renforcer davantage la sécurité des personnes et des biens dans ces zones exposées à cette spirale de violence.
Il a ainsi plaidé pour « une approche globale et coordonnée » afin de prévenir de nouvelles violences et traiter ainsi le problème de manière durable. « J’en appelle au gouvernement malien, à la société civile, aux dirigeants traditionnels et religieux, ainsi qu’à la communauté internationale et aux instances régionales, à s’acquitter de leurs responsabilités respectives », a conclu M. Tine.