En marge du sommet sur la sécurité dans le contexte du terrorisme et des changements climatiques, . Mohamed Bazoum, Président du Niger, a expliqué que son pays a organisé ce débat sur la paix et la sécurité internationales à l’épreuve du terrorisme et des changements climatiques afin d’engager le Conseil de sécurité à prendre les initiatives idoines pour trouver des solutions durables aux menaces à la paix et à la sécurité internationales et leurs interactions avec les effets des changements climatiques.
Il a jugé « impérieux » qu’au lendemain de la COP26, le Conseil capitalise les différents consensus obtenus afin d’encourager les stratégies visant à atténuer les effets des changements climatiques, conformément à son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. Bazoum a rappelé que le récent Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, tenu à Dakar, a montré combien le Sahel et le bassin du lac Tchad illustrent l’interaction entre les effets des changements climatiques et la paix et la sécurité. « Les conséquences de ce phénomène ont entrainé la désintégration du tissu social et le vivre-ensemble des populations, poussées dans une compétition effrénée pour l’accès aux ressources, qui se raréfient de façon drastique », a expliqué le Président du Niger avant de préciser que cette situation a alimenté l’extrémisme violent et un banditisme à grande échelle, entraînant dans les réseaux des organisations criminelles et terroristes de nombreux jeunes qui vivaient jadis des richesses de la biodiversité desdites régions.
Le Président du Niger a jugé urgent d’agir de façon effective pour la région du Sahel en donnant suite aux conclusions et recommandations des différentes tables rondes et autres fora initiés pour changer radicalement « les tendances lourdes observables dans la région ». À cet effet, il a estimé que le Programme d’investissements prioritaires du G5 Sahel et le Plan de développement et d’adaptation au changement climatique, adopté par la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) méritent une attention toute particulière. Il a ajouté que le Niger, en sa qualité de Président de la Commission climat pour la région du Sahel, travaille activement à la mise en œuvre effective des différentes recommandations et arrangements qui ont été convenus, de manière concertée par la communauté internationale. Il a dit l’attachement du Niger au Consensus issu de l’Accord de Paris suite à la COP21, qui bénéficie de l’engagement de l’écrasante majorité de la communauté internationale, avant d’ajouter que la récente COP26 de Glasgow a été une autre occasion pour la communauté internationale de réitérer son engagement résolu à faire face aux défis des changements climatiques.
Parallèlement à ces efforts, le Président du Niger a jugé urgent, dans le cadre du mandat de prévention du Conseil, de prendre en compte les risques sécuritaires liés aux changements climatiques, en tant qu’élément supplémentaire de l’architecture de paix et de sécurité. Il a invité le Conseil à adopter la résolution proposée par le Niger et l’Irlande, pour enfin doter le Conseil d’une approche intégrée et coordonnée. Le but, a-t-il expliqué, est de renforcer sa capacité à comprendre l’impact des changements climatiques, sur la base d’une analyse approfondie des risques actuels et futurs, de façon à formuler des recommandations pertinentes orientées vers l’action. Il a espéré que cette résolution pourrait contribuer de façon efficace à la prise en compte des risques climatiques dans les opérations existantes de maintien et de consolidation de la paix ainsi que dans le travail de médiation et de prévention des conflits.
Lorsque le dérèglement climatique pèse sur les institutions et entrave leur capacité à fournir des services publics, il alimente les griefs et la méfiance à l’égard du pouvoir, et lorsque la perte des moyens de subsistance laisse les populations dans le désespoir, cela rend plus séduisantes les promesses de protection, de revenus et de justice derrière lesquelles les groupes terroristes dissimulent parfois leurs desseins. À titre d’illustration, M. Guterres a indiqué que dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram a pu mobiliser de nouvelles recrues, notamment au sein des communautés locales désabusées par l’absence de perspectives économiques et d’accès aux ressources essentielles.
De la même façon, dans le centre du Mali, les groupes terroristes ont exploité les tensions croissantes entre éleveurs et agriculteurs pour recruter des membres dans les communautés pastorales, qui se sentent souvent exclues et stigmatisées. D’autre part, la dégradation de l’environnement permet aux groupes armés non étatiques d’étendre leur influence et de manipuler les ressources à leur avantage. En Iraq et en Syrie, par exemple, Daech a exploité les pénuries d’eau et pris le contrôle d’infrastructures hydrauliques pour imposer sa volonté aux communautés. En Somalie, la production de charbon de bois par les Chabab est également une source importante de revenus, a encore cité M. Guterres
M. Guterres, le développement de partenariats et d’initiatives reliant les approches locales, nationales et régionales, en faisant le meilleur usage du savoir-faire sur le terrain tout en profitant des capacités politiques, financières et techniques des acteurs régionaux et internationaux. Il a cité en exemple la Stratégie régionale pour la stabilisation, le relèvement et la résilience des zones affectées par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Il a également renvoyé à la nouvelle initiative sur les changements climatiques, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest. Le Secrétaire général a en outre invité à continuer d’appuyer le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel à travers le Plan d’appui des Nations Unies.
M. MOUSSA Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, a déclaré que bien que des experts n’arrivent pas à établir le lien entre conflits et changements climatiques, il ne fait pourtant aucun doute que les déficits climatiques, notamment la raréfaction de l’eau ou des pâturages, contribuent à l’éclosion des conflits. Rappelons, a-t-il dit, que les conflits entre agriculteurs et éleveurs au Nigéria ont tué plus de six fois de plus que la violence causée par le groupe armé terroriste Boko Haram. De plus, a-t-il ajouté, du bassin du lac Tchad à la Corne de l’Afrique, des températures élevées sont enregistrées, causant des conséquences « entièrement inestimables » sur l’économie, les récoltes agraires, les déplacements de populations, le terrorisme et les trafics en tous genres.