Réunie ce jour 16 juin 2020 pour examiner les questions d’actualité relatives aux médias parmi lesquelles la situation de notre consœur Mme Samira Sabou, bloggeuse et activiste sociale, l’Association Nigérienne des Editeurs de la Presse Indépendante (ANEPI), et l’Union Nationale des Editeurs de la Presse (UNEP) font le communiqué suivant :
Depuis le jeudi 10 juin 2020, notre Mme Samira Sabou, bloggeuse et activiste sociale est sous mandat de dépôt à la prison civile de Niamey suite à une plainte déposée contre elle par M. Sani Mahamadou, Directeur de Cabinet Adjoint du Président de la République. Ce dernier s’est senti diffamer dans une publication faite par Mme Samira Sabou, le 26 mai 2020, sur sa page Facebook.
Selon Maitre Yacouba Boulama, avocat de M. Sani Mahamadou, Mme Samira Sabou établit, dans sa publication, un lien d’intérêts communs entre un des fournisseurs cités dans le scandale révélé suite à l’audit du ministère de la Défense Nationale et son client, toutes choses qu’il a qualifié d’allégations mensongères.
Tout en reconnaissant à M. Sani Mahamadou, tout comme à n’importe quel autre citoyen son droit de demander réparation pour atteinte à son honneur, les signataires de la présente déclaration :
1. Déplorent la détention de Mme Samira Samou ;
2. Appellent les journalistes à faire preuve de professionnalisme dans l’exercice de leur noble métier ;
3. Rappellent aux journalistes et aux médias leur devoir envers le public de donner des informations crédibles et vérifiables étayées par des preuves ;
4. Interpellent les journalistes à veiller au respect de l’éthique et de la déontologie de leur métier ;
5. Dit que le noble métier de journaliste doit s’exercer à travers les canaux de diffusion appropriés, à savoir les journaux, les sites d’information en ligne, la télévision et la radio, afin d’éviter toute banalisation de la profession à laquelle se livrent malheureusement des non-journalistes à travers les réseaux sociaux qui sont devenus l’apanage des fausses nouvelles, de l’intoxication et de publications attentatoires aux bonnes mœurs.
6. Interpellent le Conseil Supérieur de la Communication et les organisations socioprofessionnelles des médias à multiplier leurs initiatives en matière de formation continue des journalistes en vue de leur professionnalisme ;
7. Appellent les organisations socio politiques, à éviter toute instrumentalisation ou exploitation de la situation de notre consœur Mme Samira Sabou, bloggeuse et activiste sociale pouvant compliquer les bons offices en cours ou en voie de l’être pour un dénouement heureux et rapide de cette affaire ;
8. Appellent les journalistes et les hommes politiques et au-delà toutes celles et ceux qui exercent des hautes fonctions de l’Etat à privilégier le dialogue dans le règlement de leur(s) différend(s) ; à privilégier le pardon mutuel entre eux ;
9. Soutien la démarche du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse pour un règlement rapide et à l’amiable afin que notre consœur puisse recouvrer sa liberté et sa famille ;
Sur un tout autre plan, les signataires de la présente déclaration relèvent la situation très difficile que vivent les médias nigériens et les journalistes découlant de la pandémie de la covid-19. Cette maladie qui n’a ni vaccin, ni aucun autre traitement adéquat continue d’impacter négativement toute activité humaine et par conséquent celles des médias qui peinent à trouver les moyens de leur fonctionnement. Aussi, les signataires du présent communiqué demandent :
- A l’Etat de prendre des mesures d’accompagnement pour les médias qui sont les premiers canaux de sensibilisation de la population sur les mesures édictées par les pouvoirs publics entrant dans le cadre de la prévention contre la nouvelle maladie à coronavirus ;
- Aux médias de prendre toutes les dispositions pour garantir la protection de leur personnel contre la covid-19 ;
- Aux journalistes de respecter toutes les mesures édictées notamment les gestes barrières dans l’exercice quotidien de leur métier afin de préserver leur santé et leur vie ainsi que celles de leurs proches.
Fait à Niamey, le 16 juin 2020.
Ont signé :
- Pour l’ANEPI, Ibrahim Soumana Gaoh
- Pour l’UNEP, Mamane Abdou Jaharou