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                                                                        La commissaire de l'Union Européenne Ursula von der Leyen

Si l’UE veut atteindre ses objectifs climatiques à l’horizon 2030 et atteindre zéro émission nette d’ici 2050, elle doit agir maintenant pour garantir qu’elle puisse résister aux inévitables vents contraires politiques. Un nouveau contrat social et une nouvelle politique industrielle verte peuvent faire toute la différence.

 

BRUXELLES – Depuis l’introduction du Green Deal européen en 2019, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'a présenté comme le nouveau programme de croissance économique de l'Union européenne. Après tout, même si l'objectif principal de la stratégie est lié au climat – réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'UE à zéro d'ici 2050 – elle vise à y parvenir en modernisant l'économie et en favorisant l'innovation. Mais tout le monde n’est pas convaincu.

Ces derniers mois, les conducteurs européens se sont plaints de l'interdiction imminente par l'UE de la production et de la vente de voitures équipées d'un moteur à combustion interne, les ménages ont résisté aux projets d'élimination progressive des chaudières à gaz et les agriculteurs se sont révoltés contre les réglementations environnementales qu'ils considèrent comme autoritaires. À l’approche des élections européennes du mois prochain, les partis d’extrême droite se bousculent pour s’imposer comme les porte-drapeaux officiels de ce mécontentement croissant et se préparent à utiliser tout pouvoir qu’ils conquièrent pour saboter l’agenda vert.

Les manifestants font valoir des arguments légitimes. La transformation radicale qu’implique le Green Deal européen soulève des questions difficiles quant à savoir qui doit supporter les coûts de l’action climatique, tant au sein des pays qu’entre eux. Si ces coûts finissent par peser de manière disproportionnée sur les travailleurs ordinaires – sans parler des communautés les plus pauvres et les plus vulnérables – la transformation exacerbera les inégalités, avec des répercussions sociales et politiques potentiellement graves. Heureusement, des politiques climatiques bien conçues peuvent éviter ce résultat et conduire réellement à une plus grande égalité sociale.

Le Green Deal européen a pris en compte les considérations de justice climatique depuis le début. Les partisans de cette politique ont toujours su qu’ils auraient besoin du soutien politique d’une Pologne à forte intensité de charbon, et ils n’ont pas oublié la révolte des « gilets jaunes » qui a éclaté en France en 2018, après que le président Emmanuel Macron a tenté d’introduire une taxe carbone dans le transport routier.
Ce n’est pas une coïncidence si la première initiative phare du Green Deal européen a été le Fonds pour une transition juste, qui consacrera 20 milliards d’euros (21,6 milliards de dollars) en 2021-2027 pour soutenir « la diversification et la reconversion économiques » des territoires censés être les les plus touchés par la transition verte. Ce n'est pas non plus une coïncidence si, tout en créant le tout premier marché du carbone pour les bâtiments et le transport routier, la Commission européenne a créé le Fonds social pour le climat, qui devrait mobiliser au moins 86,7 milliards d'euros entre 2026 et 2032 pour indemniser les groupes les plus vulnérables. Pour des prix énergétiques plus élevés.

Ces initiatives politiques reflètent les conseils que l’on trouverait dans la littérature économique sur les dividendes du carbone. Mais ils s’avéreront insuffisants pour compenser les profonds effets distributifs de la politique climatique, d’autant plus que la décarbonatation s’accélère et inclut des secteurs qui affectent directement la vie quotidienne des citoyens ordinaires, comme le bâtiment et les transports. C’est pourquoi l’Europe a également besoin d’un nouveau contrat social vert, axé principalement sur ces secteurs.

À cette fin, l’UE devrait rationaliser et simplifier les instruments de financement existants afin d’apporter un soutien encore plus décisif à la transformation des régions charbonnières et à forte intensité de carbone. Elle devrait également prendre des mesures pour garantir que les pays de l’UE utilisent de manière plus efficace et plus ciblée les revenus du marché du carbone pour soutenir l’adoption d’alternatives vertes, depuis les véhicules électriques jusqu’aux systèmes de chauffage domestique. Et il devrait faire pression en faveur d’un « Rural Green Deal » qui soutient les petits agriculteurs tout en exigeant que l’industrie agroalimentaire transforme ses systèmes. Même si une telle action au niveau de l’UE n’éliminerait pas les conséquences distributives de la politique climatique, elle serait d’une grande utilité.

L’UE doit également faire de la décarbonatation une véritable opportunité économique en développant une solide politique industrielle verte. Cela nécessitera, avant tout, de revitaliser le programme « ennuyeux » du marché unique de l'UE, afin de tirer parti du plus grand atout du bloc – un immense marché partagé pour les biens, les services financiers, l'énergie, les travailleurs et les idées – pour encourager de nouveaux investissements dans technologie propre.

Des interventions dans des domaines technologiques spécifiques seront également nécessaires. Plutôt que d’imiter la vaste loi américaine sur la réduction de l’inflation, l’UE devrait tirer le meilleur parti de ses ressources limitées en fournissant un soutien ciblé dans les domaines où elle dispose déjà d’un solide avantage comparatif sur lequel s’appuyer. Même si certaines industries historiques pourraient avoir besoin de soutien dans leur démarche de décarbonatation, le soutien aux innovations révolutionnaires devrait être l’objectif principal.
Le Green Deal européen a parcouru un long chemin depuis sa conception il y a cinq ans. Mais si l’UE veut atteindre ses objectifs climatiques à l’horizon 2030 et parvenir à zéro émission nette d’ici 2050, elle doit agir maintenant pour garantir qu’elle puisse résister aux inévitables vents contraires politiques. Un nouveau contrat social et une nouvelle politique industrielle verte peuvent faire toute la différence.

SIMONE TAGLIAPIETRA

Copyright: Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

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