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biden prince saoudien

Depuis des mois, l'administration américaine laisse entendre qu'un accord entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, visant à une normalisation politique avec Israël, est imminent. Cependant, plusieurs obstacles persistent, le principal étant le refus d'Israël de s'engager, même verbalement, en faveur d'une solution à deux États.

Cette condition est primordiale pour l'Arabie saoudite avant de signer un tel accord. Même si cet obstacle est surmonté, les chances d'approbation par le Sénat américain demeurent limitées pour des raisons détaillées ci-dessous.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président Biden, une priorité au Moyen-Orient a été de conclure un accord de paix entre l'Arabie saoudite et Israël. Les États-Unis estiment qu'un tel accord favoriserait une atmosphère positive, créant les conditions nécessaires à la reprise des pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens sur la base d'une solution à deux États. Tant que la situation reste calme, cet accord peut être envisagé sans imposer à Israël des conditions qu'il n'est pas prêt à accepter. De hauts responsables américains, dont le secrétaire d'État Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Sullivan, se sont rendus à plusieurs reprises en Arabie saoudite, mais aucun accord n'a été finalisé.
L'Arabie saoudite est davantage intéressée par des concessions de la part des États-Unis que par une normalisation avec Israël. Ces demandes incluent l'acceptation d'un programme nucléaire pacifique saoudien, la fourniture d'armes américaines avancées en échange de l'abandon de la coopération militaire avec la Chine et un accord de défense mutuelle avec les États-Unis.
Les négociations ont progressé jusqu'au 7 octobre, moment où les parties ont réalisé qu'un accord était impossible sans des avancées significatives sur la question palestinienne. Le désir des États-Unis et de l'Arabie saoudite de conclure un accord s'est heurté à l'intransigeance israélienne. Israël refuse même un engagement verbal en faveur de la solution des deux États sans un plan sérieux de mise en œuvre. Le gouvernement israélien actuel a clairement indiqué qu'il ne se retirerait pas des territoires occupés et qu'il s'opposerait à la solution des deux États. Cet engagement idéologique à rejeter la solution des deux États est plus important pour la coalition au pouvoir en Israël qu'un accord de normalisation avec l'Arabie saoudite.
L'accent mis par les Américains sur la signature d'un accord avec l'Arabie saoudite occulte la question centrale du conflit, à savoir l'occupation israélienne et la nécessité de mettre fin à cette situation.
L'Arabie saoudite, à l'origine de l'initiative arabe de paix, semble difficilement pouvoir revenir sur cet engagement. Consciente des difficultés qu'Israël pourrait avoir à accepter cette condition, l'Arabie saoudite envisage un plan B consistant à parvenir à un accord bilatéral avec les États-Unis sans inclure Israël. Cet accord ne contiendrait pas de clauses contraignantes sur le conflit israélo-arabe pour éviter l'intransigeance israélienne.
Cette nouvelle approche comporte des risques, car un accord de défense conjoint doit être approuvé par les deux tiers du Sénat, soit 67 membres. De nombreux démocrates sont réticents à approuver l'accord en raison des préoccupations liées aux droits de l'homme en Arabie saoudite, et ces membres pourraient ne pas changer de position sans un engagement sérieux pour des progrès sur la question palestinienne. De nombreux républicains pourraient s'opposer à l'absence d'un accord de normalisation avec Israël dans tout accord avec l'Arabie saoudite.
L'administration Trump était perçue comme plus favorable à l'Arabie saoudite que celle de Biden, certains en Arabie saoudite préférant attendre un éventuel retour de Trump au pouvoir pour obtenir de meilleures conditions. Cependant, étant donné la nécessité actuelle pour le Royaume d'un accord de défense, Biden pourrait rallier un certain nombre de républicains et de démocrates pour approuver l'accord, bien que cela nécessiterait un effort pour obtenir la majorité des deux tiers. Si Trump revenait au pouvoir, ses chances de convaincre un nombre significatif de démocrates seraient très faibles pour la même raison. Ainsi, les chances d'obtenir un accord de défense mutuelle avec les États-Unis sont meilleures cette année que l'année prochaine.
Les élections américaines approchant, il deviendra de plus en plus difficile de faire approuver cet accord par le Sénat avant la fin de l'année. Si Biden est réélu, les chances d'adoption de l'accord augmentent, mais si Trump arrive au pouvoir, l'accord rencontrera également des difficultés au Sénat.
L'adoption d'un accord américano-saoudien par le Sénat est possible, mais pas aussi facile que les États-Unis le laissent entendre. En outre, l'accent mis par les Américains sur la signature de cet accord fait oublier le cœur du conflit, à savoir l'occupation israélienne et la nécessité d'œuvrer activement pour y mettre fin.

Othman El Kachtoul

Docteur en islamologie (Université de Strasbourg), agrégé d’arabe

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