Le pétrole brut nigérien (le Meleck) a atteint, le 21 Avril dernier, le port de Sémè au Bénin, d’où il sera mis sur le marché international. Ce qui marque l’aboutissement du projet gigantesque de construction du Pipeline Export Niger-Bénin dont les travaux ont été lancés en septembre 2018 par l’ancien Président Issoufou Mahamadou.
Ces travaux, note-t-on, ont été retardés à cause de la pandémie de la Covid-19 avant d’être relancés en 2021 par l’ancien Ministre du Pétrole Mahamane Sani Mahamadou dit ABBA.
Depuis, les travaux se sont poursuivis normalement jusqu’à la concrétisation du projet avec un mois en avance.
Visite du ministre abba à Agadem
Le Niger est donc devenu officiellement exportateur du pétrole brut depuis ce mois d’avril 2024. Dans les faits, la production passe de 20.000 barils/jour à 110.000 barils/jour dont 90.000 barils/jour destinées à l’exportation. Ce qui permettra au pétrole de contribuer conséquemment à l’économie du Niger.
Il ne serait pas sincère, à cette occasion, de ne pas évoquer le rôle éminemment important joué par l’ancien Ministre du Pétrole Abba Issoufou pour l’aboutissement, à temps et dans les meilleures conditions, de ce Projet, le plus important et le plus complexe du Niger depuis son indépendance.
En effet, rappelle-t-on, dès sa prise de fonction en avril 2021, le Ministre Abba s’était fixé comme objectif de reformer profondément le secteur pétrolier, notamment en faisant aboutir ce projet de la phase II d’Agadem mais aussi en engageant les changements nécessaires pour accroitre la plus-value du Niger dans l’exploitation pétrolière.
Cet engagement n’allait pas cependant se concrétiser si l’organisation et le rythme du travail qu’il a trouvés devraient se poursuivre comme tels et le projet allait certainement accuser du retard qui pouvait avoir des multiples conséquences. Déjà, craignait-on, la non implication effective des services de l’Etat faisait courir le risque de la surfacturation du Projet et de revenus insignifiants pour l’Etat du Niger.
Aussi, en réorganisant le mécanisme de suivi du projet par la mise en place d’équipes dédiées au suivi du planning, au contrôle technique des travaux, au suivi de l’exécution budgétaire, à la facilitation des démarches administratives, à l’expropriation et l’indemnisation des propriétaires terriens, à l’implication des entreprises locales, au règlement des différends, etc., le Ministre Abba a créé une fluidité et à replacer l’Etat du Niger au cœur de ce projet exécuté par la CNPC et la société WAPCO. Ainsi, les différents Comités placés sous la supervision directe du Ministre avaient permis de lever les innombrables obstacles rencontrés tout en assurant les intérêts de l’Etat. Aussi, le Ministre Abba a été régulièrement sur le terrain pour suivre l’avancement des travaux, lever les réserves et encourager les équipes.
Ceux qui ont suivi de près cette organisation mise en place ainsi que la dextérité avec laquelle le Ministre Abba a conduit ce projet, ne sont donc pas surpris que les travaux se soient terminés avec un mois en avance. Ce qui est inédit dans ces types de projets, y compris dans les grandes puissances occidentales.
Selon le témoignage d’un de ses plus proches collaborateurs, « l'aboutissement de ce projet, le plus grand et le plus complexe pour le Niger depuis 1960, est le fruit d'un leadership exceptionnel et d'une capacité incommensurable du Ministre Abba à conduire et coordonner cette œuvre nationale. Il a fait montre d’une compétence et d’une dextérité hors pair ».
Mais au-delà de cet aspect important, notamment l’aboutissement de ce Projet qui va changer considérablement et positivement la structure économique du Niger, le Ministre Abba a surtout, deux ans durant et de par les témoignages recueillis auprès de ces anciens collaborateurs et surtout des employés nigériens à la CNPC et WAPCO, mené efficacement et silencieusement des réformes profondes et durables dans le secteur pétrolier du Niger. Il serait très fastidieux de les énumérer toutes tellement elles sont nombreuses et variées mais nous allons, de celles que nous avions pu recueillir, vous en évoquer les plus importantes.
Ainsi, il a eu d’abord comme objectif d’accroitre la plus-value du Niger dans l’exploitation pétrolière à travers un triptyque : "Revenus de l’Etat-Transfert de compétences-Contenu Local".
En ce qui concerne les revenus de l’Etat, il s’était agi de les optimiser. Pour ce faire, il a mis en place six (06) Comités techniques de contrôle des travaux ainsi qu’un mécanisme de validation de l’exécution budgétaire par la CNPC et un changement de paradigme sur les audits. Tout ceci a notamment permis de faire des économies pour plus de 150 millions de dollars de coûts (plus de 90 milliards de FCFA). Les revenus de l’Etat étant indexés essentiellement sur le Profit, la non récupération de ces coûts par la CNPC est un facteur optimisateur conséquent des revenus de l’Etat du Niger. Le même mécanisme a été mis en place au niveau de WAPCO.
Nigérisation des emplois dans le secteur pétrolier
Pour le transfert de compétence, le Ministre Abba s’est battu ardemment avec les partenaires chinois pour renfoncer les employés nigériens travaillant à la CNPC et favoriser d’autres recrutements plus viables. Ainsi, les employés nigériens qui n’avaient aucun statut depuis 15 ans se sont vu accorder une Convention collective d’entreprise qui a permis de leur offrir un plan de carrière par la promotion à des postes de responsabilités de près de 100 employés et un avancement désormais automatique tous les deux ans, l’alignement du salaire de base entre Chinois et Nigériens, ce qui a notamment occasionné le doublement au minimum du salaire de tous les Nigériens toutes catégories confondues, mais également la mise en place d’un cadre social avec prise en charge sanitaire.
Cette lutte pour les employés locaux n’avait pas seulement pour vocation de leur offrir des meilleures conditions de travail, mais elle avait surtout comme objectif de les placer au cœur des activités pour assurer un transfert de compétences et une autonomisation dans l’exécution des tâches. Dans le même ordre d’idées, le recrutement a été reformé avec notamment la mise en formation à l’EMIG de 100 jeunes diplômés qui, à la fin de leur formation, ont été directement intégrés à la CNPC pour la phase II d’Agadem.
Pour l’implication des entreprises locales, à sa prise de fonction, elle était à un taux réel de 6%, essentiellement constituée de dépenses incompressibles liées notamment à la sécurité des sites et au transport. Mais après un bras de fer ardu, le Ministre a changé considérablement ce taux pour l’amener à plus de 25% en un an, par l’introduction inédite des entreprises nigériennes au cœur des travaux techniques à Agadem et sur le pipeline, notamment en sanctuarisant des travaux désormais exclusivement réservés à des entreprises locales.
En outre, l’adoption d’une loi sur l’implication des entreprises locales était en cours pour contraindre davantage les multinationales à aller dans ce sens.
Enfin, d’autres reformes structurantes ont été engagées par le Ministre Abba. Elles portaient notamment sur le renforcement du cadre légal et organisationnel de la gestion pétrolière au Niger, notamment par le positionnement d’une société nationale dans la chaine pétrolière au Niger, la création de l’Institut Nigérien du Pétrole et du Gaz dont le processus était déjà engagé, la diversification des partenaires pour sortir du joug d’un partenaire unique dans le secteur, une réforme profonde de la SORAZ pour l’amener à un point d’équilibre et occasionné enfin des dividendes pour l’Etat et enfin l’adoption d’un pacte d’actionnaires pour la prise de participation de l’Etat du Niger dans WAPCO et par cette occasion, la définition des conditions favorables pour la gouvernance de WAPCO et le transfert de compétences.