Prefet de departament de Gaya, Capitaine Boureima Seyni
Suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier intervenu au Niger, la CEDEAO a pris des mesures drastiques contre cet Etat dont la fermeture des frontières qu’il partage avec les pays membres de l’organisation sous régionale. Cette sanction a impacté le déplacement transfrontalier des personnes et le transit des marchandises venant des pays voisins tels que le Benin et le Nigeria. Ces évènements ont favorisé le transport fluvial qui a pris une large proportion dans l’acheminement des usagers ainsi que des produits tels que l’igname, le maïs, le gari ainsi que des fruits comme l’ananas.
La ville de Gaya est située au sud-ouest du Niger dans la région de Dosso et à environ 289 km de Niamey. La ville frontalière qui se trouve à la confluence de Malanville au Benin et Kamba au Nigeria, connait depuis trois mois une grande affluence des activités sur le bord du fleuve à cause, de la fermeture des frontières terrestres.
Avec leurs pirogues de tailles diverses, les pêcheurs et piroguiers de cette localité offrent leurs services chaque jour depuis l’annonce de cette décision et font traverser des milliers de passagers ainsi que de grandes quantités de marchandises. Ces navettes se déroulent au niveau de plusieurs débarcadères dont les trois principaux où règne la forte présence de la clientèle sont celui de Gondi-Gumaneh situé le complexe d’enseignement scolaire, en face de la direction départementale des transports et des travaux publics de Gaya et le dernier se trouve entre les villages de Kwatcha et Fô à environ sept (7) kilomètre de la ville de Gaya.
Le préfet du département de Gaya, le capitaine Boureima Seyni, a fait savoir que compte tenu de la porosité de la frontière fluviale toutes les mesures sont prises en vue de contrôler le flux des personnes et des marchandises sur le fleuve. A cet effet, « sur tous les débarcadères, il y a des postes de la gendarmerie et la douane fluviale qui gardent un œil 24h/ 24h sur toute les activités qui s’effectuent et mènent le guet sur le fleuve » a expliqué le préfet de Gaya. Aussi, pour des raisons sécuritaires une unité mixte composée de tous les corps a été mise en place par les autorités en charge de la sécurité. Aussi pour des raisons de sécurité, la navigation nocturne sur le fleuve est interdite sur les eaux du Niger dans 3 départements de la région de Dosso dont Falmey, Dosso et Gaya, par l’arrêté numéro 032/GDO du 25 Aout 2023. Ce même arrêté autorise la navigation strictement entre 6h du matin et 18h. Parce que selon le capitaine Boureima SEYNI, Préfet de Gaya, « de la même manière que des familles entrent à Gaya, les ennemis peuvent aussi s’introduire par la même procédure, c’est pourquoi nous mettons un accent particulier sur toutes les transactions qui s’accomplissent au bord du fleuve », a-t-il affirmé. En ce qui concerne le déploiement des forces armées nigériennes sur le territoire de Gaya depuis le 13 septembre 2023, les populations l’ont apprécié et se sont mobilisées pour apporter leurs contributions en nature (aides alimentaires) et espèces venant du syndicat des commerçants de Gaya, de plusieurs opérateurs économiques ainsi que des habitants.
L’unité mixte de surveillance du fleuve et de contrôle des usagers
L’Unité Mixte de surveillance et de contrôle est créée le 16 aout 2023 suite à une réunion extraordinaire du conseil départemental de sécurité. Sa mission est de mieux protéger la population du Dendi et d’inspecter les allers et retours des passagers qui traversent le fleuve.
Cette unité mixte est composée de tous les corps militaires « sauf les forces armées nigériennes qui sont en retrait et n’interviennent qu’en cas de menace » nous a confié une source sécuritaire. Selon la même source, chacune des forces en présence, exécute une mission spécifique sur les berges. Ainsi La garde nationale et la gendarmerie nationale assurent la sécurité des autres corps en œuvre mais aussi des usagers et acteurs intervenants. La police nationale se charge de l’immigration à travers le contrôle des documents de voyage à l’entrée comme à la sortie du pays et à la recherche des produits prohibés et de la drogue à travers l’antenne départementale de l’Office Central de Répression du Trafic Illicites des Stupéfiants OCTRIS. La douane de son côté s’occupe du contrôle des procédures légales des marchandises qui entrent à travers cette voie. Les agents des services des eaux et forêts eux, se chargent des questions liées à la faune, la flore, import et export des produits halieutiques. Pour plus de vigilance la patrouille départementale en appui à l’unité mixte fait des descentes inopinées sur ces sites pour renforcer la surveillance. A 18h 10mn les militaires prennent la relève en inspectant les lieux jusqu’au petit matin précisément à 5H20.
Procédure de refoulement des voyageurs de nationalité étrangère
Après une première vérification des documents de voyage au niveau des débarcadères et en tenant compte des menaces d’agression et d’infiltration dont le Niger fait l’objet, tous les étrangers sont convoyés à la direction départementale de la police nationale de Gaya pour une prise en charge et un contrôle méticuleux de leurs documents de voyage. Tous ceux dont les documents en leur possession ne respectent pas les réglementations en la matière sont refoulés. Et, ceux dont leurs comportements apparaissent suspects seront soumis à un examen de situation approfondie pour déterminer les réelles motivations de leur déplacement sur le sol nigérien. Par ailleurs, ceux qui possèdent leurs documents de voyages conformes sont relaxés et peuvent continuer leur trajet.
A noter que, pour les voyageurs nigériens qui ne sont pas en disposition de leurs pièces d’identités, la loi nigérienne a prévu l’attribution un volet de 500fr à 1500fr qui lui donne axé à un laissez-passer d’une durée de 24h.
Le trafic sur le bord du fleuve entre Kwatcha-Fô
Des pirogues de tailles variées accostées, les véhicules, les mototaxis (Kabou kabou) ainsi que les tricycles attendant les passagers à la descente des pirogues. Cet embarcadère et débarcadère situé entre le village de Kwatcha et de Fô est connu uniquement pour le transport des personnes et leurs biens. Les frais de la traversée sont de 300fr à 2000fr pour les petites pirogues et de 4000fr à près de 15.000fr pour les grosses pirogues. Mais ce montant peut toutefois augmenter en fonction de la quantité de bagage du voyageur. Hassan Tondi, un jeune homme de 23 ans venu de Damana dans la région de Tillabéry est propriétaire d’une petite pirogue de six places. Chez lui, le prix du transport varie de 300fr à 1500fr par passager.
Selon un autre jeune piroguier du nom d’Oumar Garba âgé de 26 ans, il arrive à embarquer 20 à 40 personnes sur l’axe fluvial Gaya-Malanville en raison de 1000fr et plus pour ceux qui ont beaucoup de bagages.
Cependant, les usagers trouvent que le prix du transport est élevé. Aissa Dan Marayyeh une femme de nationalité nigérienne qui était accompagnée de son garçon âgé de 6 ans avait déboursé une somme de 18. 000 FCFA pour deux places pendant sa traversée. De retour au pays, c’est grâce à l’appui d’une connaissance que le tarif s’est assoupli à 4000fr. « quand je partais ils ont taxé chacun des passagers à 6000fr mais moi j’ai payé plus que les autres » a-t-elle raconté. Pour elle, aucun moyen de traversée n’est possible sans les piroguiers raison qui pousse ces derniers à fixer les prix à leur guise cherchant à maximiser leurs bénéfices.
Environ 28 771 personnes ont utilisé la voie fluviale (entrée et sortie) du 26 juillet à la date du 31 octobre 2023.
Le trafic des marchandises à destin
....Trafic des marchandises à destination du Niger au debarcadère de Goundi Gumameh
A Goundi Gumameh situé derrière le complexe d’Enseignement Scolaire CES Samsou BERRI de Gaya, ce sont de grosses pirogues chargées de céréales en provenance du Bénin qui viennent accoster sur cette berge. C’est l’un des sites où se fait le déchargement des marchandises. De petits emplois se créent aussi pour les jeunes hommes et bras valides de la localité.
Tanimoun Maman, un jeune pécheur reconverti en docker, trouvé sur les lieux, a indiqué que cette activité de chargement des produits, profite à plusieurs jeunes de Gaya. D’après lui, cette affaire est très rentable. « C’est des tonnes de sacs que nous déchargeons par équipe ce qui nous rapporte 5000fr, 10000fr voire 25.000fr par jour. Parmi nous, il y a ceux qui viennent des villages environnants de Gaya et même de Kandi au Benin » précise le jeune Tanimoun. Tallatou Djibrilla, propriétaire d’une grosse pirogue, offre ses services uniquement pour le transport des marchandises entre Malanville et Gaya. Il transporte chaque sac à 2500fr ou 3000fr et encaisse 50.000 FCFA de bénéfice pour un seul tour. Son business s’accentue autour du transport du maïs et du Gari. Il engage ses propres dockers qu’il paye en fonction du nombre de sac porté lors du déchargement.
Le président des pécheurs et piroguiers du département de Gaya également responsable de Gondi Gumameh, M. Maman Sarkin Zirgui, a assuré que le transport fluvial se fait en toute légalité sous le contrôle des autorités de la ville.