La mission de la CEDEAO conduite par le nigerien Maman Sambo Sidikou
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait face à un autre dossier délicat, celui de la modification de la Constitution par le Président togolais Faure Eyadema qui opte désormais pour un régime parlementaire en lieu et place d’un régime présidentiel que le pays connait depuis toujours.
Désormais ce n’est plus aux citoyens d’élire le Président de la République mais plutôt leurs représentants (les députés).
Cette réforme controversée au sein de la classe politique togolaise a suscité plusieurs critiques qui ont conduit aux reports des élections législatives. Censées se tenir au mois de mars 2024, ces élections ont été reportées dans un premier temps à la date du 13 avril avant d’être finalement annoncées pour le 29 avril prochain.
Face à cette situation, le Président de la Commission de la CEDEAO Dr Oumar Aliou Touré a dépêché une mission à Lomé en vue de s’imprégner du climat qui prévaut dans le pays avec le déroulement de la campagne électorale qui suit son cours.
La mission conduite par Maman Sambo Sidikou, ancien représentant de l’Union Africaine au Mali et au Sahel rencontrera au cours de son séjour au Togo du 15 au 20 avril, les principales parties prenantes au processus électoral, notamment les responsables des institutions et agences de l’Etat, les partis politiques, l’organe de gestion des élections, les organisations de la société civile, les médias et les partenaires.
La mission soumettra son rapport et ses recommandations au Président de la Commission de la CEDEAO pour qu’il prenne des décisions et des mesures appropriées, y compris le déploiement d’une Mission d’observation électorale (MOE) pour les élections, précise le communiqué de l’organisation en date du 16 avril 2024.
Togo, un pays stratégique pour la CEDEAO
Médiateur dans les crises malienne, burkinabè et nigérienne, le président togolais Faure Eyadema est un chef d’Etat clé pour la CEDEAO, qui est sur le point de perdre ces trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) créée le 16 septembre 2023.
Une crise avec les autorités togolaises affaiblirait davantage la CEDEAO qui compte sur le Président Faure pour ramener ces trois (3) chefs d’Etat avec lesquels, il entretient des relations particulières à reconsidérer leur décision du le 31 janvier 2024, de quitter l’organisation communautaire avec effet immédiat.
En cas de l’aggravation de la crise togolaise née de la modification de la Constitution par le président Faure, la CEDEAO va-t-elle sévir comme elle a l’habitude de le faire dans les pays membres s’interrogent-t-on en Afrique de l’Ouest où la position rigide qu’avait l’habitude de prendre l’organisation à l’encontre des pays est en train de créer les conditions de son effritement.
En attendant de voir comment les choses vont évoluer au Togo, plusieurs observateurs se disent sceptiques quant à la manière avec laquelle la CEDEAO va régler cette énième crise née de la volonté du président Faure, de changer les règles du jeu démocratique.
La crise togolaise constitue alors une patate chaude dans les mains de l’organisation que dirige le Nigérian Ahmed Bola Tinubu qui à sa prise de fonction en tant que Président de la conférence des chefs d’Etat, a annoncé ne tolérer aucun changement anticonstitutionnel.