Par Francis Laloupo Journaliste, Essayiste, Enseignant en géopolitique
Les manifestations pro Russie se multiplient dans les rues de Bamako, Ouagadougou, Bangui, et aussi ailleurs, sur fond de crises politiques ou d’Etat d’exception. Au cœur de ces manifestations, une dénonciation de ce qui est désigné comme « l’Occident », et plus précisément, un rejet des liens de coopération avec le partenaire historique français. Le tout assorti d’une demande confuse de rapprochement avec la Russie. Quels sont les ressorts et finalités de ces soudaines passions pour la Russie de Vladimir Poutine ?
Dans un contexte de transitions politiques consécutives aux récents coups d’Etat, des discours aux accents souverainistes et nationalistes dominent actuellement le débat politique à Bamako comme à Ouaga. Et c’est sur un air de bruit et de fureur que des foules, plutôt jeunes, manifestent dans les rues, investissent les réseaux sociaux pour interpeler les autorités politiques et réclamer la rupture avec l’Occident, la France en particulier. Et pour remplacer cet « Occident » anathématisé, la Russie est devenue la matrice de toutes les vertus, de tous les saluts. En ce mois de janvier 2023 à Ouagadougou, un meeting de jeunes activistes s’était déroulé avec, sur la tribune, une gigantesque banderole sur laquelle était imprimés les portraits des dirigeants du Mali, de Guinée Conakry, du Burkina Faso et… de Russie. Plus qu’une manifestation politique, l’expression d’une véritable passion pour une Russie pourtant largement inconnue de la part de ces manifestants qui ont transformé la rue en un espace de délibération et de décision politiques.